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En Tunisie, Ennahda et le syndicat UGTT tiendront des pourparlers le 12 août

Le chef du parti islamiste tunisien au pouvoir, Rached Ghannouchi, doit rencontrer lundi le chef du puissant syndicat UGTT, en présence du président de la Constituante, afin de régler la nouvelle crise politique dans laquelle est plongée la Tunisie.

Alors que la Tunisie est en pleine crise politique depuis l’assassinat du député d’opposition Mohamed Brahmi fin juillet, le gouvernement tente de calmer le jeu. Rached Ghannouchi, le chef d’Ennahda, parti islamiste au pouvoir, doit rencontrer lundi 12 août Houcine Abassi, le chef de l’UGTT, syndicat tunisien fort d’un demi-million d’adhérents.

Après quatre jours chômés dans le pays, marquant la fin du ramadan, ces discussions, qui se tiendront en présence du président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, doivent permettre de mener des négociations de sortie de crise.

Mustapha Ben Jaafar avait annoncé la semaine dernière le gel des travaux de la Constituante tant que des négociations incluant la coalition au pouvoir, l'opposition et les forces socio-économiques n'étaient pas lancées. Il avait alors demandé à l'UGTT de parrainer d'éventuels pourparlers.

Les syndicats pour la mise en place d'un cabinet de technocrates

Reste à savoir si les revendications de l’UGTT vont être entendues. La centrale syndicale, capable de paralyser le pays, réclame la démission du gouvernement dirigé par les islamistes et la mise en place d'un cabinet de technocrates. Ennahda a jusqu'à présent rejeté cette éventualité.

Par ailleurs, Rached Ghannouchi a indiqué samedi 10 août sur sa page Facebook avoir rencontré la présidente de l'Utica, le patronat tunisien, Wided Bouchamaoui. Le syndicat patronal demande lui aussi la mise en place d'un cabinet de technocrates.

De son côté, le mouvement Tamarod (rébellion), une organisation qui se veut apolitique et calquée sur le modèle des Égyptiens dont la mobilisation est à l'origine de l'intervention militaire contre le président déchu Mohamed Morsi, a annoncé que cinq de ses militants observaient une grève de la faim devant l'ANC pour arracher le départ du gouvernement. Tamarod Tunisie revendique sur sa page Facebook 1,6 million de signatures réclamant la démission du gouvernement et la dissolution de l'ANC, un chiffre invérifiable qui représenterait plus de 15 % de la population tunisienne.

La coalition d'opposition exclut toute négociation

L'hétéroclite coalition d'opposition, allant de l'extrême gauche au centre droit, a pour sa part exclu samedi toute négociation avec Ennahda tant qu'un nouveau gouvernement n'était pas en place. Elle réclame aussi la dissolution de l'ANC et compte proposer un cabinet alternatif composé d'indépendants la semaine prochaine.

Des centaines de partisans de l'opposition continuent de manifester toutes les nuits devant l'ANC, mais la mobilisation est en forte baisse par rapport à la grande manifestation du 6 août qui avait réuni des dizaines de milliers de personnes. Un nouveau grand rassemblement est prévu le 13 août, jour anniversaire de la promulgation du code du statut personnel en 1956, octroyant aux Tunisiennes des droits sans pareil dans le monde arabe, sans pour autant consacrer l'égalité.

Ennahda, qui a aussi massivement mobilisé ses partisans début août, a de son côté renoncé depuis aux manifestations de rue.

Avec dépêches