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Jester, ce "hacker patriote" américain qui veut punir le "traître" Snowden

Un pirate informatique connu sous le pseudonyme Jester a lancé une cyber-offensive contre l'ex-consultant de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) Edward Snowden qui a révélé le controversé programme de surveillance Prism.

Edward Snowden n’est pas uniquement dans le viseur des autorités américaines. Même dans le petit monde des "hacktivistes", généralement favorable à la transparence tout azimut,, le “lanceur d’alerte” à l’origine des révélations sur le programme Prism de surveillance de l'Agence nationale de sécurité (NSA) ne s’est pas fait que des amis. Au moins un “hacker”, dont le pseudo en ligne est Th3J35t3r (The Jester), s’est mis en tête de lancer une cyber-croisade contre l’ancien consultant de la CIA et tous ceux qui veulent lui venir en aide.

Lundi 1er juillet, il a ainsi réussi à rendre temporairement inaccessibles le site de l’Office équatorien du tourisme et celui de la Bourse nationale. Les autorités du pays n’ont pas confirmé le succès de cette opération, mais le site américain d’informations Motherjones a confirmé qu’il avait été impossible pendant plusieurs heures de s’y connecter. Pour Jester, cette attaque visait à punir Quito de sa bienveillance diplomatique à l’égard d’Edward Snowden.

Ce pirate informatique qui se définit comme un “patriote” américain et assure être un ancien soldat d’une “unité connue en Afghanistan” déverse depuis quelques jours son agacement sur Twitter contre Edward Snowden et tout le pataquès médiatique autour de ses révélations. Le 26 juin, Jester s’est fendu d’un billet sur son blog, dans lequel il qualifie l’ex-consultant de la CIA de “gogol de bas étage”. À ses yeux, le "lanceur d'alerte" n’a rien d’un héros mais serait plutôt un “traître” ayant agi par pulsion narcissique. Quant au programme Prism, Jester préfère retenir qu'il a "avant tout permis d'empêcher des complots anti-américains de se réaliser".

Julian Assange, sa bête noire

Mais au-delà du cas Snowden, ce qui agace prodigieusement Jester, c’est “la tentative de récupération de l’affaire par Julian Assange”. Le fondateur de WikiLeaks semble être la bête noire de ce “hacker” qui le compare aux “djihadistes qui recrutent des militants en ligne”. “Comme eux, Julian Assange a embrigadé Bradley Manning [l'homme qui a révélé les câbles diplomatiques américains en novembre 2010, NDLR] et Edward Snowden pour faire son sale boulot et s’en prendre aux intérêts des États-Unis”, a-t-il affirmé à la chaîne américaine conservatrice Fox News.

Jester compte même faire sortir le fondateur de WikiLeaks de l’ambassade d’Équateur à Londres, où il s’est réfugié depuis un an afin d'éviter d’être extradé vers la Suède qui veut le juger pour agressions sexuelles. Comment ? En piratant les alarmes à incendie de l’ambassade pour créer une fausse alerte. Le “hacker” a même publié sur Twitter ce qu’il affirme être un plan du bâtiment et quelques précisions techniques sur cette opération en préparation.

Si Edward Snowden et WikiLeaks sont ses cibles de prédilection pour le moment, Jester s’est fait connaître depuis 2010 par d’autres cyber-attaques “patriotiques”. Il s’est ainsi fait une spécialité de la traque en ligne des mouvances islamistes et s'est attaqué à plusieurs sites, comme ansarnet.info ou islamicnetwork.com, qui serviraient, d’après lui, “à recruter des militants pour le djihad”. Le célèbre mouvement d’"hacktivistes" Anonymous ne trouve pas non plus grâce à ses yeux. En 2011, il affirmait que cette nébuleuse de hackers était largement infiltrée par des pirates informatiques anti-américains et pro-islamistes.