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Julian Assange, "un trophée anti-américain" cloîtré depuis un an

Il y a un an, Julian Assange se réfugiait à l’ambassade d’Équateur à Londres. Sous le coup d’un mandat d’arrêt suédois, il craint, en cas d’extradition, les foudres de Washington, déterminé, selon lui, à lui faire payer l’affaire WikiLeaks.

Depuis un an, il vit retranché dans l’ambassade équatorienne de Londres. Malgré l’intérêt – surtout médiatique - suscité par cette date anniversaire, le cas de Julian Assange piétine. Sans surprise, aucune "percée" ni aucun "progrès substantiel" autour du cas du fondateur de WikiLeaks n’a pu être constaté à l’issue d’un bref entretien de 45 minutes, lundi 17 juin, entre les chefs de la diplomatie britannique et équatorien, William Hague et Ricardo Patino.

Seul signe encourageant : l’annonce de la création d’un groupe de travail visant à trouver une solution diplomatique à cet imbroglio impliquant le Royaume-Uni, la Suède, les États-Unis, l’Équateur et l’Australie, terre natale de Julian Assange. La lourde procédure ne devrait pas aboutir avant de longs mois.

Malgré le statu quo, le fondateur de Wikileaks continue d’afficher sa détermination en se confiant régulièrement dans les médias et en recevant à demeure journalistes, intellectuels et autres stars du show biz telle que Lady Gaga. Il peut également compter sur ses nombreux comités de soutien, notamment aux États-Unis et en Australie, ainsi que sur une solide équipe de juristes dédiée à sa défense que dirige l'ancien juge espagnol Baltasar Garzon.

Soutien indéfectible de l’Équateur

Peu après l'entretien avec William Hague, Ricardo Patino a déclaré que "le gouvernement équatorien reste fermement engagé à protéger les droits de l'Homme et à obtenir des assurances fermes pour éviter une extradition [de Julian Assange, NDLR] vers un troisième État". Une référence directe à Washington, dont le principal intéressé et ses soutiens craignent la vengeance après la publication, fin 2010, de documents confidentiels diplomatiques.

Mais pour l’heure, le quadragénaire est uniquement sous le coup d’un mandat d’arrêt suédois dans le cadre de deux affaires d’agression sexuelle qu’il nie en bloc. Même si le président équatorien, Rafael Correa, lui a offert l’asile politique, Assange reste bloqué dans l’ambassade britannique, Londres ayant promis d’appliquer le mandat d’arrêt suédois s’il mettait un pied à l’extérieur. Depuis le 19 juin 2012, la police londonienne maintient ses rondes sans relâche autour de la représentation équatorienne.

Bien que réputé pour son indépendance vis-à-vis des États-Unis, le soutien de l’Équateur à Assange a de quoi surprendre. Le pays qui dit vouloir défendre la liberté d’expression en soutenant le fondateur de WikiLeaks est connu pour sa politique autoritaire, voire répressive, envers les journalistes. Récemment, le gouvernement a obtenu le vote d’une loi visant à réduire drastiquement les organes médiatiques privés et augmentant de façon significative les chaînes contrôlées par l’État.

Trophée anti-américain

Mais pour Assange, qu’importe. "Depuis dix ans, l’Amérique latine a montré de grands progrès en matière de droits de l’Homme. Il s’agit traditionnellement d’une terre d’asile", a-t-il défendu le 11 juin lors d’une interview accordée à CNN. "Je conseille vivement à Edward Snowden de partir en Amérique Latine", a-t-il ensuite lancé, à propos de cet Américain de 29 ans, ancien employé de la CIA, qui a trouvé refuge à Hong Kong après avoir révélé des informations sur le système d'interception des communications par la NSA, l'agence américaine de sécurité nationale.

Outre-Atlantique, des voix s’élèvent pour dénoncer le comportement anti-américain de l’Équateur et de ses voisins. "Les pays les plus enclins à abriter Snowden - ceux avec des gouvernements de gauche comme l’Équateur, le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua - rêvent avant tout d’en faire un trophée anti-américain", lâche un journaliste dans les colonnes du Time. Et c’est justement dans ces mêmes pays que le respect de la liberté d’expression laisse le plus à désirer", ajoute-t-il.

En Russie, la méthode employée est la même, selon le journaliste qui rappelle que début juin, Vladimir Poutine a annoncé qu’il considérerait la demande d’asile de Snowden. Le président russe n’est pourtant pas connu pour son attachement au respect de la liberté d’expression…

Du même avis, le responsable du département Amérique latine au Comité de protection des Journalistes de New York, Carlos Lauria, assure que les ressortissants américains dans le cas de Snowden ou Assange ont conscience "qu’il est totalement hypocrite pour un pays comme l’Équateur d’essayer d’effacer leur image négative en leur offrant l’asile."