
Les combattants du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) entament leur retrait de Turquie mercredi 8 mai. Un geste historique qui s'inscrit dans un processus de paix entamé avec Ankara pour mettre fin à un sanglant conflit de près de 30 ans.
Le moment historique est arrivé. Le commandement militaire du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a confirmé mardi que son retrait de Turquie débuterait bien mercredi 8 mai. Marquant un tournant décisif dans le conflit qui l’oppose à l’état turc depuis près de 30 ans, le PKK avait en effet annoncé le 25 avril depuis le Kurdistan irakien que ses forces combattantes quitteraient la Turquie. C’est le leader historique du PKK, Abdullah Öcalan, qui a lui-même appelé à ce retrait dans le cadre de négociations de paix en cours depuis la fin de l'année dernière entre ce dernier et les autorités turques.
Le mouvement de rébellion armé n’a toutefois pas manqué de mettre en garde Ankara contre toute "provocation" qui pourrait remettre en cause le bon déroulement du retrait. "Les opérations de reconnaissance incessantes de drones aériens retardent le processus de retrait", a ainsi affirmé le PKK dans un communiqué, ajoutant que les mouvements de forces armées turques dans le sud-est anatolien, théâtre d'action du PKK, "n'affectent pas seulement le retrait mais préparent le terrain pour des provocations et des affrontements". Le PKK ajoute qu'il restera fidèle à son engagement de se retirer du sol turc, uniquement s’il n’est pas attaqué par les troupes d'Ankara.
"La fin d’une période sombre"
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a salué fin avril la décision des séparatistes kurdes du PKK, entrés en lutte en Turquie en 1984, de quitter le pays pour rejoindre leurs bases en Irak. "La porte se referme sur une période sombre", a-t-il estimé lors d’une allocution retransmise à la télévision. "La Turquie entre dans une nouvelle phase. Nous devons rester vigilants contre le sabotage, contre les provocations, mais nous sommes aujourd'hui pleins d'espoir, bien plus déterminés et optimistes."
Selon le calendrier de retrait, les premiers groupes de rebelles doivent parvenir "en l'espace d'une semaine" à leurs bases du nord de l'Irak, où le PKK dispose de camps retranchés, souligne le communiqué du PKK. Environ 2 000 combattants du PKK sont concernés par le retrait. Le processus doit s'étaler sur plusieurs mois et sera surveillé par les services de renseignement côté turc et par le gouvernement autonome du Kurdistan côté irakien. Ce retrait doit faciliter la conclusion d'un accord entre Ankara et les Kurdes pour mettre fin à l'insurrection du PKK qui a fait 40 000 morts depuis 1984.
Avec dépêches