Quatre jours après l'effondrement d'un bâtiment abritant des ateliers de confection à Dacca, qui a tué près de 380 personnes, un feu s'est déclaré sur les lieux de la catastrophe. Le propriétaire de l'immeuble a été arrêté.
Un incendie a éclaté dimanche dans les décombres de l'immeuble de Dacca, mettant fin à tout espoir de retrouver de nouveaux survivants dans les ruines. L'effondrement, mercredi, de ce bâtiment de huit étages construit illégalement à Savar, une banlieue de la ville, a fait au moins 379 morts - en majorité des femmes - et plus de 1 200 blessés. Près de 2 500 personnes ont pu être sauvées des débris du Rana Plaza, qui abritait des ateliers de confection travaillant pour de grandes firmes occidentales.
"Le feu a éclaté dans les ruines alors que nous étions en train de couper une poutre pour sortir une femme qui était, croyons-nous, la dernière survivante, a indiqué dimanche le chef des pompiers, Ahmed Ali. Nous sommes arrivés à éteindre l'incendie, mais lorsque nous sommes revenus nous avons vu qu'elle était morte".
"C'était une femme courageuse et elle a lutté jusqu'au bout. Nous avons travaillé pendant 10 à 11 heures pour essayer de la tirer de là vivante. Nous avons relevé le défi mais nous avons perdu. Cela nous a brisé le coeur à tous. Tout le monde a été ému", a-t-il ajouté. La télévision, qui suivait le sauvetage en direct, a montré les pompiers en train de pleurer après la mort de cette dernière survivante.
Plusieurs arrestations
Selon les autorités, l'immeuble de huit étages avait été bâti sur un sol instable, sans permis de construire valide, et plus de 3 000 travailleurs - majoritairement des jeunes femmes - y ont été envoyés mercredi matin malgré les avertissements concernant la fragilité du bâtiment.
Le propriétaire de l'immeuble, identifié par la police sous le nom de Mohammed Sohel Rana a été arrêté par la police dimanche matin. Il est membre du parti au pouvoir. Samedi les autorités avaient déjà procédé à plusieurs arrestations. Trois propriétaires d'ateliers présents dans le Rana Plaza de Savar, en périphérie de Dacca, ont été ainsi été interpellés pour répondre d'"homicide par négligence". L'un d'eux est Aminul Islam, l'associé d'un Espagnol, David Mayor, considéré comme l'un des principaux suspects et recherché par les autorités.
Ce dernier est le directeur général de Phantom-Tac, une société conjointe à parts égales entre Phantom Apparels (Bangladesh) et Textile Audit Company (Espagne), installée sur plus de 2 000 m2 dans l'immeuble effondré, selon le site internet de la société.
itLes autorités espèrent que ces arrestations pourront en partie apaiser la colère des habitants. Vendredi, des heurts violents avaient en effet opposé la police à une foule immense de manifestants à Savar, où le Rana Plaza s'est effondré comme un château de cartes. Des ouvriers ont attaqué des usines, renversé des véhicules, brûlé des pneus sur la route et essayé de mettre le feu à des échoppes le long du parcours de la manifestation de masse, selon un responsable de la police locale. Ils ont aussi obligé des usines textiles à fermer.
La catastrophe a relancé la polémique sur les conditions de travail dans ce secteur - qui emploie essentiellement des femmes travaillant pour moins de 40 dollars par mois pour des marques occidentales. Alors que la plupart des 4 500 usines de textile du Bangladesh étaient déjà à l'arrêt en raison de manifestations d'ouvriers en colère, les entrepreneurs de ce secteur ont décrété les journées de samedi et dimanche fériées, et les syndicats ont lancé un appel à la grève pour dimanche afin d'exiger de meilleures conditions de travail.
Il s'agit du pire accident dans l'histoire industrielle du Bangladesh, pays pauvre d'Asie du Sud qui a fait de la confection textile le pivot de son économie.
Avec dépêches