Sous la pression des bombardements israéliens au Liban, des milliers de réfugiés syriens sont contraints de retourner dans leur pays, toujours en guerre. Pour ceux qui fuient la conscription ou sont recherchés par le régime, retourner dans une zone tenue par les hommes de Bachar al Assad est exclu et la traversée clandestine vers les zones tenues par l'opposition est souvent la seule issue. Ce voyage, organisé par des passeurs, les expose à de nombreux dangers, dans un choix désespéré face à l’insécurité au Liban.
Toute la zone syrienne frontalière du Liban est aux mains du régime. Pour rejoindre des zones tenues par l'opposition, il faut donc avoir recours à des passeurs, qui promettent d’amener ceux qui le souhaitent dans les zones sous contrôle de l’opposition dans le nord-ouest du pays, comme le gouvernorat d’Idleb.
Selon les informations que nous avons recueillies, ces réfugiés sont en général prises en charge à la frontière entre le Liban et la Syrie par des officiers de l'armée syrienne. Mais cette prise en charge s’accompagne d’incertitudes, explique notre Observateur, Jomoa Mohamed Lahib, chercheur syrien installé à Beyrouth :
Il y a un sentiment de sécurité, car il n’y a pas de checkpoints de l’armée. Mais il y a aussi une grande crainte, car personne ne peut être sûr que l'officier ne va pas les livrer aux services de renseignement syriens ou à des bandes criminelles pour une rançon.
Le plus souvent, les passeurs conduisent dans un premier temps les réfugiés vers les zones sous contrôle des Forces démocratiques syriennes - kurdes - d’où ils peuvent ensuite tenter de gagner Idleb ou la Turquie.
Mais tout cela a un coût. Selon des échanges sur des groupes WhatsApp, les passeurs demandent entre 500 et 800 dollars (entre 450 et 730 euros) par personne pour ce périlleux voyage.
Pour afficher ce contenu YouTube, il est nécessaire d'autoriser les cookies de mesure d'audience et de publicité.
Accepter Gérer mes choixSur les réseaux sociaux, les passeurs promettent des voyages sûrs, des promesses souvent loin de la réalité. Pour de nombreuses familles, c’est un saut dans l’inconnu comme l’explique Jomoa Mohamed Lahib :
Il y a un sentiment de peur, de terreur, de saut vers l’inconnu, mais face aux bombardements, si vous vivez dans le sud du Liban ou la banlieue sud de Beyrouth, sans toit ni emploi, vous allez préférer le mauvais au pire.
Depuis le début des bombardements en septembre, on estime que près de 300 000 Syriens et Libanais auraient déjà traversé la frontière vers les zones sous contrôle du régime syrien. D’après les Casques Blancs syriens, environ 1700 personnes auraient rejoint le nord-ouest de la Syrie, sous contrôle de l’opposition, au 4 octobre.