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Critiquée par HRW, la Côte d'Ivoire se défend de pratiquer une justice partiale

Interrogé vendredi par FRANCE 24, le ministre de la Justice ivoirien Gnénéma Coulibaly a réagi après les critiques de Human Rights Watch accusant la justice ivoirienne d'être partiale contre l'ex-président Laurent Gbagbo et ses proches.

Faisant suite aux critiques de l'ONG américaine Human Rights Watch (HRW), le gouvernement ivoirien s'est défendu vendredi 5 avril de pratiquer une justice partiale contre les proches de l'ancien président Laurent Gbagbo. Intervenant par téléphone sur l'antenne de France 24, le ministre de la Justice Gnénéma Coulibaly a affirmé ce vendredi, "qu’il n’y a pas lieu de faire des pressions",

Dans un rapport publié jeudi 4 avril, l’association de défense des droits de l’homme a accusé le gouvernement ivoirien de partialité dans les poursuites engagées contre les auteurs de crimes commis durant les violences post-électorales entre décembre 2010 et avril 2011. À l'époque, quelque 3 000 personnes avaient trouvé la mort dans les affrontements provoqués par le refus du président sortant Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle contre son adversaire, Alassane Ouattara. Selon l'ONG, les chiffres parlent d'eux-mêmes, 150 personnes sont actuellement poursuivies, toutes sont du camp de Gbagbo.

"Les chiffres allégués par HRW concernent les personnes arrêtés lors de la crise post-électorale pour atteinte à la sûreté de l’État", a affirmé vendredi le ministre ivoirien Gnénéma Coulibaly, ajoutant que "personne à ce jour n’a fait l’objet d’inculpation pour violation des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire".

Le garde des Sceaux a expliqué que 3 000 auditions ont été réalisées par une commission d'enquête sur les violations de droits de l'Homme. "La commission a rendu son rapport et il est en cours d’examen par les magistrats instructeurs", a-t-il ajouté, précisant que "personne ne sera protégé s’il est établi qu’elle a commis des violations graves des droits de l’homme durant la période post-électorale".

La CPI épinglée

Dans son rapport de 82 pages, intitulé "Transformer les discours en réalité : l'heure de réclamer des comptes pour les crimes internationaux graves perpétrés en Côte d'Ivoire", HRW affirme que la justice internationale a fait preuve de la même partialité à l'égard des crimes commis suite aux élections en Côte d'ivoire.

L'ONG américaine rappelle ainsi que la Cour pénale internationale (CPI) n'a délivré publiquement que deux mandats d'arrêt, à l'encontre de Laurent Gbagbo et de son épouse Simone, tous deux accusés de crimes contre l'humanité. Selon le rapport, "l'approche à sens unique adoptée par la CPI a légitimé la mise en œuvre de la même approche par les autorités judiciaires ivoiriennes et porté atteinte à l'image en Côte d'Ivoire de la CPI en tant qu'institution impartiale".