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Les insurgés kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont procédé à la libération de huit prisonniers turcs, ce mercredi, dans le nord de l’Irak, après l’appel de leur chef historique à intensifier les pourparlers de paix avec Ankara.
Les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont libéré mercredi, comme convenu, huit prisonniers turcs qu'ils détenaient depuis deux ans dans une base du nord de l'Irak, un geste en direction du gouvernement d'Ankara destiné à favoriser les discussions de paix engagées en décembre.
Ces huit personnes, des fonctionnaires et des soldats, ont été officiellement remis à une délégation turque composée de députés et de militants, dans les montagnes de la région autonome du Kurdistan irakien à une trentaine de kilomètres de la frontière turque.
"En réponse à l'appel de notre chef Abdullah Öcalan, nous avons remis aujourd'hui huit prisonniers à la délégation turque", a déclaré Bauer Pirsonne, l'un des responsables de la branche armée du PKK, lors d'une conférence de presse.
La nouvelle de cette libération avait été rapportée à l'AFP un peu plus tôt par un membre de la délégation turque, le député du Parti pour la paix et la démocratie (BDP, pro-kurde), Hüsamettin Zenderlioglu.
"Nous avons procédé à cette libération avec les meilleures intentions qui soient. Nous ne comptons en tirer aucun profit, qu'il soit politique ou financier. Il s'agit simplement d'un geste humanitaire", a assuré M. Pirsonne.
"Aujourd'hui, la balle est dans le camp de la Turquie. A elle de prouver sa bonne volonté pour que soit enclenché un processus de paix", a ajouté le responsable de la branche armée du PKK.
Ces huit prisonniers avaient été capturés dans le sud-est de la Turquie, théâtre des combats qui opposent les rebelles kurdes et les forces de sécurité turques depuis 1984.
Leur libération s'inscrit dans le cadre des discussions de paix reprises au mois de décembre entre les autorités d'Ankara et Abdullah Öcalan, qui purge depuis 1999 une peine de prison à vie.
Le PKK a déjà procédé dans le passé à des libérations de prisonniers turcs.
Discrétion
L'opération s'est déroulée dans la discrétion pour ne pas froisser l'opinion publique turque, dont une partie rejette toute discussion avec le PKK, une organisation classée comme "terroriste" par Ankara et de nombreuses capitales étrangères.
En 2009, de précédents efforts de paix avaient subi un coup dur lorsqu'un groupe d'une trentaine de combattants du PKK avait symboliquement déposé les armes et était rentré en Turquie, où ils avaient été accueillis en héros par une myriade de caméras et des dizaines de milliers de sympathisants du mouvement kurde. Cet accueil avait tourné en manifestation contre le gouvernement turc.
Le chef de l'Etat turc Abdullah Gül a salué depuis la Suède, où il est en visite, la libération de ses concitoyens. "C'est évidemment bien qu'ils soient libres après si longtemps, qu'ils puissent enfin retrouver sains et saufs leurs proches", s'est félicité M. Gül.
Sitôt leur libération, les huit captifs ont pris la route jusqu'au poste-frontière irako-turc de Habur, près de la ville turque de Cizre, où ils sont attendus par leurs proches.
Après cette libération, Abdullah Öcalan devrait, selon des sources gouvernementales et kurdes, appeler à un cessez-le-feu unilatéral le 21 mars, à l'occasion du nouvel an kurde, le Newroz, et à un abandon complet des armes d'ici août.
En échange, le gouvernement islamo-conservateur turc a présenté la semaine dernière au Parlement un projet de loi qui doit permettre la libération de certains militants kurdes accusés de collusion avec le PKK. Son examen doit débuter prochainement.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a également proposé aux combattants du PKK qui voudraient quitter la Turquie un sauf-conduit vers leurs bases d'Irak.
Le PKK affirme que la moitié de ses 5.000 combattants se trouvent en Turquie, le reste étant basé dans les zones montagneuses du nord de l'Irak.
Depuis son début en 1984, le conflit kurde a causé la mort de plus de 45.000 personnes.
AFP