Le Mali et la Mauritanie ont adopté cette semaine l’interdiction de produire et d’utiliser des sacs plastique, considérés comme nocifs pour l’environnement. Une mesure déjà prise par différents pays.
Pour 2013, la Mauritanie et le Mali ont pris une résolution. Depuis le 1er janvier, la production, la commercialisation et l’usage de sachets plastique sont désormais interdits. Une mesure qui fait de l’Afrique le continent le plus répressif envers ces sacs nocifs pour l’environnement. La Tanzanie, l’Ouganda, l’Afrique du Sud et le Kenya ont d’ores et déjà banni les sachets de petite taille. Plus radicaux, le Rwanda et la Somalie les ont, quant à eux, totalement interdits.
La mesure d'interdiction prévoit des peines de prison ferme pouvant aller jusqu'à un an et des amendes atteignant un million d'ouguiyas (2 500 euros) pour les fabricants, importateurs et utilisateurs de sachets plastiques, a affirmé l'Agence mauritanienne d'information (AMI), citant le ministre mauritanien de l'Environnement, Amedi Camara.
En cause : les effets nocifs des sacs en polyéthylène sur l’environnement. Ces derniers ont même été qualifiés de "fléau désastreux" et de "menace à la santé publique" par les autorités maliennes. Au Mali justement, comme ce fut le cas au Bangladesh - premier pays abolitionniste en la matière - les sachets jetés dans la nature bloquent les systèmes d’évacuation, entraînant des inondations dans les villes.
Un danger pour les animaux
L’autre raison invoquée par les autorités est l’impact sur le milieu naturel. Le ministre mauritanien de l’Environnement a ainsi indiqué que "la quasi-totalité (des) déchets d'emballages plastiques se retrouvent dans le milieu naturel, terrestre et marin, où ils sont parfois ingérés par quelques espèces marines et le bétail, entraînant leur mort".
Parmi les victimes, les tortues de mer qui confondent les sacs plastique avec des méduses, mais aussi les chameaux. Aux Émirats arabes unis, environ la moitié des animaux à bosses périssent des suites de famine causée par la consommation de plastique. En Mauritanie, même problème. "Près de 80 % des bovins tués aux abattoirs de Nouakchott sont porteurs de sacs plastiques dans leur panse", a déclaré le ministre mauritanien de l’Environnement.
Aux Émirats arabes unis, désormais, seuls les sacs plastiques biodégradables sont autorisés.
“Partie immerge de l’iceberg”
L’interdiction, saluée par les groupes écologistes, est néanmoins l’arbre qui cache la forêt, selon les défenseurs de l’environnement. "Les gens pensent qu’en se débarrassant des sacs plastique, on va régler tous les problèmes liés aux déchets, mais les sacs plastique, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. Ils ne sont qu’une petite part de l’immense quantité de déchets," confie à FRANCE 24 Neil Verlander, membre des Amis de la terre. La matière plastique représente 25 % des 56 000 tonnes de déchets produits annuellement par la ville de Nouakchott, selon des statistiques officielles.
Pour Neil Verlander, il est d’ailleurs purement impossible de bannir totalement le sac plastique, objet du quotidien. Mamadou Fall, le propriétaire d’une auberge de jeunesse dans la ville de Rosso, située dans le sud de la Mauritanie, interrogé par FRANCE 24, témoigne de la perplexité des locaux envers cette mesure. "Nous ne sommes pas complètement opposés à l’idée mais cela ne pourra pas fonctionner tant que le gouvernement n’aura pas mis en place une solution alternative. Comment on va faire pour transporter notre sucre, vendu au poids, sans sac plastique ?"
Selon les écologistes, l’argument d’une alternative ne tient pas. Les sacs en papier, bien que plus écologiques, nécessitent plus de temps, d’énergie et de ressources naturelles pour être fabriqués. Pour ce qui est des sacs réutilisables, qui ne sont eux pas biodégradables, ils doivent être utilisés correctement, c’est-à-dire gardés à vie.
Et pour faire du plastique jetable un lointain souvenir, l’interdiction la plus efficace n’implique pas une suppression du sac, mais plutôt une taxe. La loi initiée en Irlande en 2002 impose aux consommateurs de payer 15 centimes d’euro par sachet. En quelques semaines, l’utilisation de ce dernier avait chuté de 15 % et 90 % des clients apportaient leur propre sac pour faire leurs courses.