
Suppressions de postes chez PSA en France, recul des ventes de voitures en Europe : rien ne va plus pour la filière automobile. Le secrétaire général de l’ACEA, principal lobby européen des constructeurs, estime que d’autres pays vont être touchés.
En France, l’heure est au branle-bas de combat après l’annonce, jeudi 12 juillet, du plan social chez PSA Peugeot Citroën. Le gouvernement français cherche par tous les moyens à trouver la formule magique pour soutenir sa filière automobile et présentera un plan le 25 juillet. En Europe, le secteur fait de plus en plus grise mine : les ventes de voitures neuves ont reculé de 6,8 % depuis le début de l’année, selon les données publiés en juin par l’European Automobile Manufacturers Association (ACEA).
Dans ce paysage qui n’est pas sans rappeler le Détroit de 2008 avant l’intervention massive de Washington pour sauver les trois constructeurs américains, personne ne sait à quel saint se vouer pour redresser la situation. La solution doit-elle venir des États, d’une sorte de plan Marshall européen pour l’automobile ou bien la filière européenne est-elle condamnée à s’adapter à la concurrence internationale, ce qui passerait par des plans sociaux à répétition ? Interrogé par FRANCE 24, Ivan Hodac, secrétaire général de l’ACEA, apporte le point de vue d'un représentant de cette industrie qui pèse plus de 2 millions d’emplois en Europe.
L’annonce de la fermeture du site d’Aulnay de PSA et de la suppression de 8 000 emplois est-elle une spécificité française ou un révélateur de ce qui attend la filière européenne ?
Ivan Hordac : La situation actuelle de la filière automobile a cela de compliqué qu’il y a un problème commun à la plupart des États membres de l’Union européenne avec, en outre, des spécificités dans chaque pays.
Sans rentrer trop dans les détails, on peut néanmoins penser que - même si ce n’est pas inévitable - il y aura très probablement en Europe d’autres mesures d’économies comme celles prises par PSA avec la fermeture du site d'Aulnay. Une partie des sites européens de construction ne tournent qu’à une capacité de 65 % de production, ce qui n’est pas tenable dans le contexte de concurrence internationale.
Vous venez de dire que rien n’était inévitable, ne serait-il pas temps de penser à un plan Marshall européen pour l’industrie automobile ?
I. H. : Les constructeurs automobiles doivent pouvoir avoir accès aux fonds de
soutien qui existent au niveau européen. Mais injecter de l’argent dans le secteur n’est qu’une solution d’urgence qui ne peut pas régler les problèmes de fonds sur le long terme.
La seule chose que l’Europe peut faire est de créer un cadre réglementaire souple sans charge trop lourde pour les constructeurs afin qu’ils puissent s’adapter rapidement à la concurrence internationale. Pour le reste, c’est au niveau national que les États doivent permettre aux constructeurs de rester compétitifs en restant en Europe grâce, par exemple, à plus de flexibilité dans le marché du travail.
Pourtant, aux États-Unis, General Motors et l’industrie automobile de Détroit ont été sauvé grâce à un vaste plan de soutien financier...
I. H. : On ne peut pas faire un copié-collé du plan américain. Contrairement aux États-Unis, il n’y a pas un marché automobile unique en Europe, mais il y en a autant qu’il y a d’États membres. Si la filière d’un pays venait, par exemple, à recevoir une aide financière substantielle, quel serait l’effet sur l’emploi dans les autres pays européens ?
En fait, la baisse de ventes de voitures en Europe provient du ralentissement économique général dans toute la région. Rien n’est irréversible. Si la situation économique s’améliore, les choses iront tout de suite bien mieux pour le secteur automobile.