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Les membres de l'Asean divisés face aux ambitions territoriales de la Chine

Les dix pays de l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean) ne sont pas parvenus à s'entendre sur la question des conflits territoriaux avec la Chine, lors du forum organisé vendredi à Phnom Penh, au Cambodge.

AFP - Les pays du sud-est asiatique se sont séparés sur un échec vendredi, au terme d'un forum à Phnom Penh qui n'aura pas suffi à aplanir leurs désaccords sur la façon de gérer les conflits territoriaux avec la Chine.

Pékin était sur la sellette pour l'agressivité dont elle est accusée autour de plusieurs îles contestées en mer de Chine méridionale.

Mais les ministres des Affaires étrangères des dix pays de l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean) se sont séparés sans publier de communiqué final après de vives passes d'armes, certains accusant l'organisateur cambodgien d'avoir protégé l'encombrant voisin.

"C'était une réunion productive et le point de vue de la Chine sur beaucoup de questions a reçu le soutien de nombreux pays participants", s'est d'ailleurs félicité un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, évoquant "des résultats importants pour la paix, la stabilité, le développement et la prospérité régionales".

Les Philippines qui, avec le Vietnam, entretiennent les relations les plus tendues avec la Chine au sein du bloc, ont fustigé de leur côté l'échec de la réunion, notant que l'absence de communiqué final était "sans précédent en 45 ans d'existence de l'Asean".

Manille insistait pour que la déclaration commune mentionne de récents incidents autour du récif du Scarborough, revendiqué par les Philippines et la Chine.

Mais selon des diplomates, Phnom Penh, qui a besoin du soutien économique chinois, a délibérément empêché toute mention d'incidents spécifiques dans le communiqué final.

Et une réunion convoquée vendredi matin en urgence n'a pas débloqué la situation. "La colère est montée dans certains des entretiens en privé. Il y a eu des allers-et-retours tendus", a relevé un responsable américain présent à Phnom Penh.

Faisant part au Cambodge de son "indignation", la délégation philippine a souligné que ces divisions sapaient de précédents accords pour régler les disputes de façon solidaire, "et pas de manière bilatérale, l'approche sur laquelle son voisin du nord a insisté".

Le ministre des Affaires étrangères cambodgien Hor Namhong a pour sa part regretté ces divisions, mais souligné qu'il ne pouvait "pas accepter que le communiqué conjoint devienne l'otage du problème bilatéral" entre Manille et Pékin.

Selon les analystes, ces divisions risquent de "contaminer" les futures négociations entre le bloc et la Chine sur le "code de conduite" en discussion depuis dix ans.

Le texte est censé empêcher les incidents de pêche, de droits de navigation ou d'exploration pétrolière de dégénérer en conflit mais ses termes concrets n'ont jamais fait l'objet d'un consensus.

"Le Cambodge se présente comme le laquais de la Chine. Cela va rendre plus difficile les négociations" a noté Carl Thayer, expert de la région. "J'ai du mal à imaginer que les ministres ne puissent parvenir à une formulation qui satisfasse toutes les parties".

Les chefs de la diplomatie de l'Asean étaient réunis à Phnom Penh avec leurs homologues asiatiques et les Etats-Unis. Et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a plaidé elle aussi pour une avancée du "code de conduite", que l'Asean affirme vouloir conclure d'ici la fin de l'année.

La Chine a en revanche toujours privilégié une approche bilatérale de ces différends frontaliers et répété qu'elle ne commencerait les négociations sur le code qu'au "moment opportun".

Pékin et Hanoï se disputent les archipels des Paracels et des Spratleys, supposés riches en hydrocarbures et traversés par des voies maritimes internationales. Les Spratleys sont aussi revendiquées, en partie ou en totalité, par les Philippines, ainsi que par Brunei, la Malaisie et Taïwan.
 

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