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Pour Noah et Forget, il n'y a pas d'évasion fiscale, juste une "optimisation des revenus"

Interrogés par la commission d’enquête sur l’évasion fiscale, les deux légendes du tennis français ont justifié, ce mardi au sénat, la démarche des joueurs qui s’installent à l’étranger pour "optimiser leurs revenus".

Loin de la terre battue et des terrains de tennis, Yannick Noah et Guy Forget, deux grandes figures du tennis français, ont été auditionnés ce mardi matin au Sénat, par la commission d’enquête sur l’évasion fiscale. Objectif des parlementaires : mieux comprendre les raisons de l'exil des joueurs de tennis.

Tous les deux vêtus de blanc, les deux accolytes de la Coupe Davis ont préféré parler d'"optimisation des revenus" plutôt que d'évasion fiscale. "En tennis, on a une carrière courte qui dure entre 8 et 10 années", a plaidé Guy Forget, qui vit actuellement en Suisse. "Pendant cette période, les joueurs qui passent près de huit mois à l’étranger essayent d'optimiser leurs revenus", a-t-il ajouté, précisant que seuls les 120 meilleurs joueurs du circuit "rentraient dans leurs frais".

Une dizaine de joueurs de tennis exilés

Une petite dizaine de joueurs français, comme Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon, ont choisi de quitter la France pour s’installer à l’étranger, notamment en Floride, en Suisse ou à Monaco, où l'imposition est plus avantageuse qu'en France (30% contre 50% des revenus).

Interrogé sur son exil en Suisse entre les années 1991 et 1993, Yannick Noah a justifié son choix en évoquant " la peur du lendemain" au terme de sa retraite sportive. "Aujourd'hui, je gagne mon argent ici grâce au public français, je paye mes impôts en France", a rappelé Yannick Noah, reconverti dans la chanson. "Si j'étais une vedette internationale je réagirais différemment. Je ne vais pas conseiller à mon fils (le joueur de basket-ball Joakim Noah, NDLR) qui a fait toute sa carrière aux Etats-Unis de venir payer ici. Mais moi, je paye ici".

L’intervention de Yannick Noah était d’autant plus attendue que le vainqueur de Roland-Garros 1983 conteste auprès du fisc un redressement fiscal d’environ un million d’euros et dément l'idée d'être un "exilé fiscal". Il a d’ailleurs été interpellé par Louis Duvernois, sénateur UMP représentant les Français établis hors de France, en lui reprochant de prôner la "justice sociale" sans respecter la "justice fiscale". "Il m’avait semblé clair que ce sujet ne serait pas évoqué, a-t-il déclaré en exprimant sa déception. C’est une somme que je conteste depuis 19 ans, tant que la justice n’a pas tranché, je ne dois rien".

51 milliards d'euros de pertes pour l'État

L'évasion fiscale coûte 51 milliards d'euros chaque année à l'État, selon la commission sur l'évasion des capitaux. Son président Philippe Dominati (UMP) a rappelé que la majorité de cette somme était d'abord imputable au monde de l'économie et non à l'exil fiscal des sportifs et des artistes.

Mise sur pied à la demande du groupe CRC (communiste) en janvier dernier, la commission devrait rendre son rapport le 12 juillet. Elle a précédemment entendu le président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez, le juge Van Ruymbecke ainsi que plusieurs grands patrons comme Christophe de Margerie (Total) ou encore Maurice Lévy (Publicis).