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Moscou assouplit sa position sur l'hypothèse d'un départ d'Assad du pouvoir

Alliée indéfectible de Damas, la Russie a toutefois indiqué ce mardi qu'elle ne faisait plus du maintien du président Bachar al-Assad au pouvoir une condition sine qua non de la résolution de la crise en Syrie.

AFP - La Russie, allié indéfectible de Damas depuis le début de la révolte, s'est montrée mardi ouverte à un départ du pouvoir du président Bachar al-Assad, réclamé par l'opposition.

Sur le terrain, la Syrie a autorisé mardi l'ONU et des ONG à apporter de l'aide humanitaire dans le pays, où les violences ont fait 26 morts mardi, essentiellement dans des combats entre armée et déserteurs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Nous n'avons jamais dit ou posé comme condition qu'Assad devait nécessairement rester au pouvoir à la fin du processus politique", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov à l'agence Itar-Tass.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, avait jugé fin mai que le départ du président Assad était "le seul moyen de sauver le plan" de l'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU Kofi Annan, "faute de quoi la situation risque d'exploser et menacera toute la région".

Alors que la communauté internationale, divisée, cherche toujours des moyens de faire pression sur le régime Assad, le président russe Vladimir Poutine a entamé une visite de trois jours en Chine, consacrée en partie à la crise en Syrie.

La Russie et la Chine, alliées de Damas, sont opposées à toute intervention armée, ainsi qu'au renversement par la force du président Assad. Elles ont opposé leur veto à deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le régime syrien pour la répression de la révolte lancée en mars 2011.

Mais d'après Khattar Abou Diab, professeur à l'Université Paris-Sud, "Moscou pourrait lâcher (M. Assad) sans lâcher le régime".

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, a pour sa part appelé les monarchies du Golfe à se mobiliser pour aider les Syriens à "se défendre face à la machine de mort et de destruction du gouvernement" de Damas, sans plus de précision.

Pressée de toutes parts, la Syrie a autorisé mardi l'ONU et des ONG à apporter de l'aide humanitaire, comme stipulé par le plan de sortie de crise de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan, dans quatre provinces.

Après des missions de reconnaissance dimanche, des organisations humanitaires pourront s'installer à Homs (centre), Idleb (nord-ouest), Deraa (sud) et Deir Ezzor (est), pour distribuer une aide alimentaire et médicale.

Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Meqdad a réaffirmé la volonté de Damas de faire réussir le plan Annan et de "protéger la mission des observateurs" déployés pour faire appliquer un cessez-le-feu violé quotidiennement.

"Persona non grata"

Mais Damas s'est dans le même temps montré intraitable en déclarant "persona non grata" les ambassadeurs de plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, pour riposter au renvoi des ambassadeurs syriens. Damas ne peut expulser ces diplomates, la plupart ayant déjà quitté le sol syrien.

Sur le terrain, les violences ont encore fait 26 morts mardi, a rapporté l'OSDH. Les forces du régime ont bombardé notamment la ville rebelle de Homs (centre) et pris d'assaut plusieurs localités, dont Kafarzita dans la province de Hama (centre) attaquée après trois jours de pilonnages.

Dans le même temps, 15 soldats et quatre rebelles ont été tués dans des combats opposant l'armée régulière aux insurgés dans la région de Lattaquié (nord-ouest), selon l'OSDH, qui a également fait état de "dizaines" de militaires blessés.

Pour sa part, l'agence officielle Sana a annoncé la mort de trois officiers de l'armée tués mardi par des "groupes terroristes".

Réfugiés

Conséquence des violences qui se poursuivent, plus de 2.000 Syriens se sont réfugiés ces trois derniers jours en Turquie, a annoncé le centre turc de gestion des situations de crise (AFAD), qui dénombre 26.747 réfugiés syriens dans les camps du sud du pays.

Dans ce contexte, les pays occidentaux poursuit ses efforts pour faire cesser les violences qui ont fait au moins 13.400 morts depuis près de 15 mois.

"Il y a beaucoup de choses prévues sur le plan international cette semaine en ce qui concerne la Syrie", a annoncé Mark Toner, porte-parole du Département d'Etat, soulignant notamment que la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton rencontrerait M. Annan vendredi à Washington.

Selon diplomates et experts, M. Annan, qui doit s'adresser jeudi au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale de l'ONU, commence à entrevoir l'échec de son plan et souhaite que la communauté internationale pèse de tout son poids pour faire respecter ce plan ou qu'elle trouve un "plan B".

Autre occasion pour les puissances internationales de se consulter sur la Syrie, le Forum ministériel de lutte contre le terrorisme réunira jeudi et vendredi à Istanbul des représentants d'une trentaine de pays.

Et un envoyé du département d'Etat américain, Frederic Hof, doit se rendre à Moscou cette semaine pour discuter de la crise syrienne.