Un accord sera conclu sous peu entre l'Iran et les grandes puissances occidentales, a annoncé mardi le directeur général de l'AIEA, à la veille de la reprise des négociations multilatérales sur le programme nucléaire de Téhéran.
AFP - Les grandes puissances et l'Iran se réuniront mercredi à Bagdad dans l'espoir d'enrayer l'escalade de la crise autour du programme nucléaire iranien, mais l'annonce mardi d'un "accord" à ce sujet entre Téhéran et l'AIEA a été fraîchement accueillie par Israël.
L'annonce de cet accord a été faite mardi matin par le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Yukiya Amano, de retour d'une visite à Téhéran. Cette "décision", qui vise à lever les incertitudes sur la nature du programme nucléaire iranien est un "développement important", a-t-il ajouté.
Mais contrairement aux espoirs initiaux de certains diplomates avant sa visite, l'accord n'a pas été signé: il doit l'être "prochainement", a promis M. Amano. Selon un diplomate occidental, la visite de M. Amano n'a pas permis de "percée". La visite paraît même décevante selon un autre, qui a toutefois indiqué que de nouvelles réunions à Vienne mardi donneraient une "idée plus claire" du tableau.
Mais Israël s'est dit dès mardi "très sceptique" sur l'accord. "Nous avons vu comment des accords passés entre l'AIEA et l'Iran étaient violés de manière flagrante par l'Iran", a affirmé à l'AFP un officiel israélien sous le couvert de l'anonymat.
"L'Iran cherche toujours à détruire Israël et menace la paix mondiale", avait accusé lundi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en plaidant pour que les négociateurs ne fassent "aucune concession à l'Iran" à Bagdad.
Les discussions de mercredi doivent y réunir l'Iran et le groupe "5+1" (les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: Etats-Unis, Russie, Chine, France, et Grande-Bretagne, plus l'Allemagne).
Une certaine incertitude pèse toutefois sur le calendrier de la réunion en raison d'une tempête de sable qui a provoqué la fermeture de l'aéroport de Bagdad pour une durée indéterminée. Le chef des négociateurs iraniens Saïd Jalili est déjà sur place mais l'arrivée des autres délégations pourrait être perturbée.
Les discussions vont devoir se "concentrer sur de la substance concrète. La balle est dans le camp des Iraniens. C'est à eux de faire le premier pas", a prévenu lundi un diplomate européen à Bruxelles, soulignant que "le temps est compté".
Le grandes puissances devraient tenter de convaincre l'Iran de suspendre son enrichissement à 20% et de se soumettre à des visites plus poussées de l'AIEA via la mise en oeuvre du protocole additionnel du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
"Seule la mise en oeuvre complète du protocole additionnel pourrait rétablir la confiance", estime Bruno Tertrais, chercheur à la Fondation pour la Recherche stratégique à Paris.
L'AIEA souhaite aussi que Téhéran apporte des réponses au rapport qu'elle a publié en novembre, dans lequel figure une série d'éléments indiquant que l'Iran a travaillé à la mise au point de l'arme atomique jusqu'en 2003 et, peut-être, ensuite.
L'Iran de son côté pourrait être déçu s'il espère un allègement des sanctions en échange de concessions sur ces points: il devrait au mieux espérer une promesse --conditionnelle-- de ne pas s'en voir imposer de nouvelles.
Depuis l'élection de Barack Obama à la présidence américaine il y a plus de trois ans, l'Iran a considérablement élargi l'éventail de ses activités nucléaires, se mettant même à enrichir de l'uranium à 20%, et se rapprochant d'autant du niveau de 90% nécessaire à la fabrication d'armes.
De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU a accru les pressions sur une économie iranienne déjà en proie à la récession et l'inflation. Et pour M. Obama, en quête de réélection en novembre face à un concurrent républicain qui l'accuse de mollesse face à l'Iran, une avancée du dossier serait tout bénéfice.
Quoiqu'il en soit, rien ne garantit que les deux camps en arrivent à l'échange de promesses fermes, souligne un diplomate. Même si les discussions se passent bien, les résultats pourraient ne pas être "tangibles".
Ils pourraient en réalité se résumer à un accord sur la tenue à un rythme régulier de discussions de travail techniques. Mais même un tel processus exigerait deux éléments cruciaux: la patience et la confiance.