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Coté en Bourse, Facebook promet de décrocher le jackpot

Introduit au Nasdaq ce vendredi au prix de 38 dollars par action, le numéro un mondial des réseaux sociaux pourrait lever jusqu'à 16 milliards de dollars. Un jackpot qui devrait permettre à Facebook de concurrencer Google.

Les États-Unis viennent de vivre leur plus importante introduction en Bourse de ces dernières années. Le Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques de Wall Street, accueille Facebook ce 18 mai. Un nouvel arrivant de poids : la société californienne, qui domine l’univers des réseaux sociaux avec quelque 900 millions d’abonnés à travers le monde, espère lever 16 milliards de dollars sur les marchés.

Pour transformer cet essai boursier, le groupe, ses investisseurs et ses partenaires de

L'action Facebook revient à son prix d'entrée après une hausse de 12%

L'action du champion des réseaux sociaux Facebook ralentissait sa hausse vendredi dans ses premiers échanges sur le marché électronique Nasdaq à New York, passant de plus de 12% à 5% en quelques minutes.

L'action "FB" gagnait 5,42% à 40,06 dollars vers 15H40 GMT, au cours de la plus grosse entrée en Bourse pour une valeur internet, et de la deuxième plus grosse pour une entreprise américaine tous secteurs confondus. Elle avait bondi de 12% en tout début d'échanges. (AFP)

Les débuts du site communautaire en Bourse, prévus initialement vers 15H00 GMT, ont été retardés en raison du trop gros volume d'échanges attendu. "Il y a eu trop de commandes et le Nasdaq ne pouvait pas répondre", a commenté Peter Cardillo, stratège chez Rockwell Global Capital. (AFP)

la première heure (les salariés, les business angel et des banques telles que Goldman Sachs) mettront aux enchères plus de 400 millions d’actions à un prix minimum de 38 dollars chacune. Mark Zuckerberg, le PDG-fondateur de Facebook, devrait lui-même vendre plusieurs dizaines de millions de ses propres actions, tout en conservant le contrôle de l’entreprise, avec 57 % de participation.

Si le site, fondé en 2004 sur le campus de l’université américaine d’Harvard, atteint son objectif, il vaudra 104 milliards de dollars en Bourse. Il représentera alors la plus forte valorisation du Nasdaq dès sa première journée de cotation. Avec comme objectif 16 millions de dollars à lever, la star de la Silicon Valley sera également la troisième plus importante introduction en bourse à Wall Street après General Motors en novembre 2010 (le constructeur automobile avait alors levé 20 milliards de dollars) et Visa (17,9 milliards de dollars levés en mars 2008).

Objectif : détrôner Google

Pour le groupe, la capitalisation boursière est une étape essentielle pour détrôner Google, aujourd’hui en position dominante sur le marché du web, explique Philippe Torres, le directeur de l’Atelier, la cellule de veille technologique de la banque BNP Paribas, joint au téléphone par FRANCE 24. Pour ce spécialiste des stratégies numériques, si le moteur de recherche Google règne sur internet depuis son introduction en bourse en 2004, Facebook a tout pour prendre sa place.

Selon l’expert, le numéro un des réseaux sociaux possède en effet l’audience et la croissance nécessaires pour atteindre cet objectif [60 millions de nouveaux abonnées par trimestre selon les chiffres donnés par Facebook]. L’ère 2.0 plaide d’ailleurs en faveur du site de Mark Zuckerberg, qui symbolise comme nul autre le web social alors que Google évoque davantage une époque où internet n’était fait que de sites statiques.

Pour parvenir à cet objectif, rien de tel qu’une introduction en Bourse réussie. Une fois dans la cour des grands, Facebook devrait lorgner les jeunes pousses prometteuses. Le site s’est d’ores et déjà engagé sur cette voie en rachetant en avril dernier Instagram, le service de photographie sur smartphone, pour un milliard de dollars. De tels rachats devraient se multiplier, Facebook ayant atteint une taille où l’innovation ne se fait désormais plus en interne mais au travers de petites entreprises rachetées, souligne Philippe Torres. Une stratégie classique pour les mastodontes du web, parfaitement illustrée par Google, qui a acquis 24 entreprises en 2011.

Pour le spécialiste des stratégies numériques, Facebook devrait également utiliser son nouveau magot pour investir le marché de l’emploi en recrutant de nouveaux talents. Ces recrutements, nécessaires pour étoffer ses propres équipes aujourd’hui limitées (Facebook compte 3 000 employés, soit près de 10 fois moins que Google ou Microsoft), se feront sûrement au détriment des concurrents, sur les terres desquelles Facebook n’hésitera pas à aller chasser…

Des profits potentiels suffisants ?

Ce nouvel agenda paraît sans doute moins excitant que le travail sur le site même, mais la résolution de ces problématiques de stratégie industrielle est indispensable pour que le réseau social dégage une marge de manœuvre suffisante pour continuer à croître.

Car l’entrée en Bourse est également synonyme de nouveaux actionnaires, très exigeants en terme de profits. Dans un article intitulé "Pas touche aux actions Facebook", le magazine économique américain Forbes se montre sceptique quant aux gains potentiels du géant des réseaux sociaux, listant ses principales failles : la croissance, les smartphones et la publicité. Facebook n’a connu qu’une augmentation de 45 % de son chiffre d’affaires en 2011 contre une hausse de 145 % de celui de Google l’année précédant son entrée en Bourse. En outre, la moitié des utilisateurs accèdent à leur page Facebook sur leurs smartphones, où le groupe ne gagne pas d’argent.

Selon Philippe Torres, les critiques de Forbes sont infondées : il donne une analyse simpliste du modèle économique. “Les jeux ou la vente en ligne sur Facebook procurent déjà 12 % des revenus de la société”, souligne-t-il, rappelant que si la publicité a constitué un marché à 60 milliards de dollars dans le monde, le e-commerce en a rapporté 680 milliards. L’enjeu de cette introduction en Bourse sera donc de savoir si Facebook restera dépendante de la publicité ou évoluera, pour devenir une vraie plateforme de distribution numérique.