
Après l'échec des discussions entre les différents partis politiques grecs sur la formation d'un gouvernement de coalition mardi, près de dix jours après l'annonce des résultats des élections législatives, les électeurs devront retourner aux urnes.
AFP - La Grèce va devoir retourner aux urnes d'ici fin juin, faute d'accord entre ses dirigeants sur un gouvernement de coalition après les législatives du 6 mai, qui ont désavoué les politiques d'austérité administrées au pays depuis deux ans, privant leurs artisans de majorité.
Le dirigeant socialiste et ex-ministre des Finances Evangélos Vénizélos a le premier annoncé cet échec, à l'issue d'une réunion de la dernière chance convoquée par le chef de l'Etat, Carolos Papoulias.
"Nous allons hélas de nouveau vers des élections, dans quelques jours, sous de très mauvaises conditions", a-t-il affirmé.
Selon les médias grecs, la date la plus probable du nouveau scrutin est le 17 juin, soit dans un délai d'un mois après la dissolution de la chambre issue des législatives du 6 mai, prévue jeudi, quand elle se réunira pour la première fois.
Ce retour aux urnes a été confirmé dans la foulée par Fotis Kouvelis, le chef de la petite formation de gauche modérée Dimar qui a refusé d'apporter ses 19 députés en renfort d'une alliance conservateurs-socialistes prorogeant le gouvernement sortant.
Dans un communiqué lu en direct par une journaliste de la télévision publique Net, la Présidence a confirmé l'échec des "efforts de formation d'un gouvernement" et annoncé une réunion des dirigeants politiques mercredi à 10HOO GMT "pour la formation d'un gouvernement" devant assurer la gestion des affaires courantes avant le nouveau scrutin.
Invoquant le "danger" pesant sur le pays du fait de l'instabilité politique, M. Papoulias avait tenté ce dernier recours en proposant aux partis de s'entendre sur un cabinet de technocrates, censé parer aux menaces de faillite et de sortie de l'euro pesant sur le pays, où s'est déclenchée la crise de la dette qui secoue l'Europe depuis 2010.
L'euro a chuté lourdement dès l'annonce du naufrage des tractations grecques, tombant sous le seuil de 1,28 dollar pour la première fois depuis quatre mois.
La Bourse de Francfort a aussi immédiatement piqué du nez, l'indice vedette Dax, qui évoluait jusque-là dans le vert perdant 1,32% à 13H15 GMT.
L'échec grec était prévisible depuis plusieurs jours, du fait du refus catégorique de la gauche radicale du Syriza, propulsée deuxième parti le 6 mai grâce à son rejet sans ambages des recettes UE-FMI d'austérité appliquées au pays depuis 2010, de nouer des alliances avec les partis conservateur et socialiste ayant ratifié ces diktats.
Le Dimar, issu d'une scission du Syriza avait conditionné son ralliement à une participation du Syriza, seul apte selon lui à prendre en compte le verdict des urnes.
En désespoir de cause, M. Papoualias avait tenté de rallier aussi la formation nationalo-populiste Grecs Indépendants de Panos Kammenos, qui avait conquis 33 députés le 6 mai en s'opposant aussi frontalement au mémorandum, la feuille de route des politiques d'austérité dictée par les créanciers du pays.
"Les forces politiques qui soutiennent le memorandum (plan d'austérité) insistent pour malmener le peuple. Ils préfèrent les créanciers à une unité nationale", a affirmé M. Kammenos à sa sortie de la réunion.
Selon des sondages cette semaine, le Syriza arriverait en tête aux prochaines élections, avec un programme combinant rejet du memorandum et maintien du pays dans l'euro, ce qui a jusque là été rejeté comme inacceptable par les partenaires de la Grèce dans la zone euro.
Après des déclarations menaçantes ces derniers jours la zone euro a certes envoyé lundi soir un message de soutien en réaffirmant son soutien "inébranlable" au maintien de la Grèce dans l'Union monétaire, tandis que nombre de décideurs économiques soulignaient qu'une sortie grecque de l'euro coûterait très cher à l'économie européenne.
Mais la donne pourrait être modifiée par le nouveau verdict de l'électorat grec, même si les Grecs espèrent un infléchissement de la rigueur européenne après l'accession du socialiste Francois Hollande à la présidence française.
D'autant que la revendication d'un assouplissement des sacrifices imposés aux Grecs est désormais relayée par toutes les forces politiques, socialistes et conservateurs compris.
Avant la concrétisation de l'échec, l'annonce officielle d'un recul de 6,2% du PIB grec au premier semestre 2012 a de fait confirmé la gravité de la situation économique du pays, qui est entré dans sa cinquième année consécutive de récession, au prix d'une envolée du chômage à plus de 20%.