Toujours au plus haut dans les sondages, le candidat socialiste à l’élection présidentielle a estimé à demi-mot, ce dimanche, que Nicolas Sarkozy s’efforçait de stigmatiser les chômeurs et les étrangers pour récupérer une partie de l’électorat FN.
REUTERS - François Hollande s’est déclaré dimanche « totalement indifférent » à l’entrée en campagne imminente de Nicolas Sarkozy, qu’il accuse de chasser sur les terres du Front national en tenant un discours de plus en plus marqué à droite.
Le candidat socialiste à l’élection présidentielle a estimé que le président sortant, qui devrait officialiser sa candidature dans les jours qui viennent, a « un peu précipité les choses » puisqu’il envisageait selon lui de le faire en mars.
« Vous savez, ça m’est totalement indifférent parce que rien ne doit me détourner », a déclaré le favori des sondages.
Présidentielle française 2012
« Donc, qu’il fasse ce que bon lui semble, il a déjà utilisé suffisamment les moyens de l’Etat pour faire campagne jusque-là, s’il veut les utiliser un peu plus, c’est son affaire », a-t-il ajouté lors d’une longue interview sur Canal +.
Des proches du premier cercle présidentiel affirment que Nicolas Sarkozy s’est vu contraint d’accélérer l’allure après avoir longtemps pensé pouvoir annoncer le plus tard possible sa candidature, attendre encore risquant de donner à François Hollande des chances de consolider définitivement ses positions.
Le candidat socialiste estime qu’il aura pour concurrent dans la campagne un président sortant qui a ces derniers jours considérablement « droitisé » son discours pour tenter de récupérer une partie des électeurs du Front national.
« Les termes qui ont été utilisés, les mots qu’il a employés, effectivement laissent penser qu’il veut aller chercher les électeurs qui aujourd’hui se présenteraient plutôt pour aller vers Marine Le Pen », a-t-il estimé.
« Ça fait sans doute partie de sa tactique mais ça fait du mal à la société », a-t-il ajouté. « Le rôle d’un président, même jusqu’au bout, même candidat, c’est de rassembler le pays, c’est de l’élever, c’est d’éviter les stigmatisations, c’est de ne pas jouer avec les peurs. »
Pas de droitisation, selon Besson
Dans une interview au Figaro Magazine, Nicolas Sarkozy envisage de soumettre à référendum un nouveau système d’indemnisation des chômeurs et une nouvelle organisation des droits des étrangers, deux propositions qui ont déchaîné un tollé dans l’opposition mais aussi dans la droite modérée.
« Travail, responsabilité, autorité, je me reconnais plus que jamais dans ce triptyque ! » dit-il dans cet entretien sur ses « valeurs pour la France - travail, éducation, famille, laïcité ».
Autres gages donnés à l’électorat de droite, il y réaffirme son opposition au mariage des homosexuels, à l’adoption par des couples homosexuels et à la légalisation de l’euthanasie.
La polémique autour des délocalisations rebondit avec l’ouverture d’une usine Renault au Maroc
En plein débat sur l’avenir du « made in France », l’ouverture d’une immense usine Renault à Tanger a relancé, en période électorale, la polémique autour des délocalisations.
Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, et le roi du Maroc, Mohammed VI, ont inauguré jeudi ce vaste site flambant neuf, implanté à seulement 14 kilomètres des côtes européennes, desservi par le port géant de Tanger Med et où les coûts salariaux sont plus de quatre fois inférieurs au salaire minimum français.
Ancien proche de François Hollande, le ministre de l’Industrie Eric Besson, passé du PS à l’UMP en 2007, s’est inscrit en faux contre l’idée que Nicolas Sarkozy chasserait désormais sur les terres du Front national, dont la candidate n’est qu’à quelques points de Nicolas Sarkozy.
« Sur les sujets dits régaliens, je suis frappé par le fait qu’un ancrage républicain soit perçu comme une droitisation. Travail, responsabilité, autorité, tous les républicains doivent pouvoir s’y retrouver », a-t-il dit lors de l’émission Le Grand Rendez-vous Europe 1/i>télé/Le Parisien.
« Arrêtons cette hypocrisie, il n’y a pas d’électeurs du Front national, il y a des électeurs qui, un jour, ont pu voter Front national et que tous les républicains devraient se préoccuper de ramener dans un vote que nous considérons comme républicain », a-t-il ajouté. « Chaque fois que c’est Nicolas Sarkozy qui pense à ces Français, il est suspecté (...) de braconner sur les terres du Front national. »
En outre, a-t-il ajouté, l’organisation de référendums sur le statut des chômeurs ou les droits des immigrés n’est qu’un « dernier recours » si le Parlement refuse.
Mais Eric Besson admet que, s’agissant de modifications de la Constitution, il y a « peu de chances » que la barre des trois cinquièmes des députés et sénateurs réunis en Congrès soit atteinte, d’où la solution du référendum.
Pour cet ancien socialiste, « tout le monde considère que c’est son entrée en campagne qui signera vraiment le début de l’élection présidentielle et j’en conclus une chose, c’est ce que ceux qui font des pronostics sur ‘le match est plié’, visiblement ont un peu peur de son entrée en campagne ».