
Le Premier ministre grec et les leaders des trois partis de la coalition au pouvoir n'ont pas, à ce jour, conclu d'accord global permettant de respecter les conditions posées par l'UE et le FMI pour l'octroi d'une aide de 130 milliards d'euros.
REUTERS - Les responsables des trois partis de la coalition gouvernementale grecque ne sont parvenus jeudi à s'entendre sur l'ensemble des réformes exigées par les bailleurs de fonds, contraignant le ministre des Finances à se rendre à Bruxelles sans accord complet.
Les deux grandes centrales syndicales grecques, Adedy pour le public et GSEE pour le privé, et le syndicat communiste Pame, ont appelé jeudi à une grève générale vendredi et samedi contre les nouvelles mesures de rigueur réclamées par l'UE et le FMI en échange d'un nouveau prêt.
Ouvrant le bal de cette contestation, plus de 8.000 sympathisants de gauche ont manifesté jeudi soir dans le centre d'Athènes, selon les chiffres de la police.
Aussi Evangelos Venizelos doit aller jeudi à Bruxelles, où les autres ministres des Finances de l'UE l'attendent. Ces derniers espèrent que le ministre grec pourra leur présenter un engagement sur des mesures d'économie de l'ordre de 3,3 milliards d'euros cette année.
Mais après une nuit de tractations avec des négociateurs de l'UE et du Fonds monétaire international (FMI) et les chefs de file des trois partis grecs - Antonis Samaras de Nouvelle Démocratie (droite), George Papandréou du Pasok (socialiste) et George Karatzaferis du LAOS (extrême droite) - Venizelos a déclaré qu'il existait toujours un point de désaccord, sans préciser lequel.
"Je pars pour Bruxelles dans peu de temps, avec l'espoir que le sommet de l'Eurogroupe aura lieu, et qu'une décision positive sur le nouveau programme sera prise", a déclaré Venizelos à des journalistes.
"La survie financière de ce pays dans les prochaines années dépend de ce nouveau programme (...) Tout le monde doit avoir en ce moment le sens des responsabilités", a-t-il ajouté.
A l'issue de sept heures de réunion, le Premier ministre grec Lucas Papadémos avait annoncé mercredi soir que les chefs des trois partis avaient donné leur accord aux réformes exigées en échange d'une nouvelle aide de 130 milliards d'euros, à l'exception d'un point.
Panos Beglitis, porte-parole du Pasok, a dit que le désaccord portait sur le niveau des coupes dans les retraites complémentaires nécessaires pour sauver le système des retraites.
Papadémos a dit jeudi matin souhaiter qu'un accord soit conclu avant la réunion des ministres des Finances de la zone euro, jeudi en fin d'après-midi (18h00, 17h00 GMT) à Bruxelles, pour décider des grandes lignes d'un plan d'aide à Athènes.
Les chefs de file des partis "sont tombés d'accord sur tous les points du programme, à l'exception d'un seul, ce qui rend nécessaire de nouvelles discussions avec la troïka", avait déclaré le chef du gouvernement grec.
"Le président du LAOS George Karatzaferis s'est montré très réservé (sur l'accord)" a dit Papadémos.
Mais, d'après Beglitis, les responsables sont cependant tombés d'accord pour accepter de baisser le salaire minimum de 22%.
Contraction
L'économie grecque devrait se contracter de 4% à 5% cette année, a dit mercredi une source gouvernementale, citant des chiffres figurant dans un projet d'accord, envoyé au Fonds monétaire international (FMI), relatif au nouveau plan d'aide du pays.
Le recul du produit intérieur brut (PIB) 2012 sera donc bien plus important que la baisse de 2,8% retenue dans le budget 2012 présenté en novembre.
Les économistes interrogés fin janvier par Reuters voient le PIB de la Grèce baisser de 3,7% en 2012.
Selon d'autres sources, il figure dans le projet d'accord transmis au FMI l'engagement de prendre des mesures fiscales représentant 13 milliards d'euros d'ici 2015.
Athènes, qui doit rembourser en mars 14,5 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance, doit trouver dans l'urgence un accord de restructuration de sa dette afin de s'assurer un deuxième plan de sauvetage international et ainsi éviter un défaut de paiement "désordonné".
Le niveau d'endettement de la Grèce ne sera pas tenable si le niveau de la décote sur sa dette est limité à 70%, a prévenu de son côté l'agence de notation Standard & Poor's.
S&P, qui note actuellement la dette grecque "CC" avec perspective négative, a indiqué qu'elle prévoyait d'abaisser cette note à défaut sélectif pour une durée temporaire, le temps que le gouvernement parachève l'accord sur l'échange de dette.