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Sous la pression de la rue, l'armée tente de trouver une issue à la crise

Alors que pour la quatrième journée consécutive, des milliers de manifestants continuent de réclamer le départ du pouvoir militaire, le maréchal Tantaoui, chef contesté du Conseil des armées (CSFA), devrait s'adresser sous peu à la nation.

REUTERS - Les militaires au pouvoir en Egypte ont maintenu les élections législatives prévues à partir de lundi prochain malgré les incertitudes provoquées par trois journées d’affrontements meurtriers au Caire.

Le président du Conseil suprême des forces armées (CSFA), le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, s’est entretenu avec les représentants de cinq formations politiques sur la poursuite du calendrier électoral au terme duquel les militaires doivent remettre le pouvoir aux civils.

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Selon des responsables politiques qui ont participé à ces entretiens, l’armée a maintenu le début des législatives au 28 novembre et a annoncé la tenue de l’élection présidentielle avant le mois de juillet 2012.

Sur ce deuxième point, le CSFA semble avoir accepté d’accélérer la procédure puisque dans son projet initial, le scrutin présidentiel ne devait pas intervenir avant la fin de 2012 ou le début de 2013.

Ce retard dans le transfert du pouvoir est au coeur des revendications des manifestants qui s’opposent depuis samedi aux forces de l’ordre sur la place Tahrir au Caire.

Les affrontements ont fait 36 morts et plus de 1.250 blessés et la contestation a gagné la ville d’Alexandrie où des milliers de personnes se sont massées devant le QG local de l’armée.

L’armée, aux commandes depuis le départ d’Hosni Moubarak le 11 février sous la pression de la rue, a en outre accepté de former « dans les jours qui viennent » un gouvernement de salut national, que les manifestants appellent de leurs voeux.

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« Les élections parlementaires auront lieu comme prévu le 28 novembre. C’est ce dont nous avons convenu », a déclaré Emad Abdel Ghafour, chef de file du parti untraconservateur Nour (Lumière) après la réunion.

Remaniement

Le maréchal Tantaoui, 76 ans, qui a servi comme ministre de la Défense d’Hosni Moubarak pendant deux décennies, devait s’exprimer dans la journée sur la crise.

Face à l’agitation de la rue, le Premier ministre Essam Charaf a présenté la démission de son cabinet, mais le CSFA attend la désignation d’un nouveau chef de gouvernement avant de l’accepter officiellement, dit-on de source militaire.

Des incertitudes continuent de planer sur l’ampleur du remaniement auquel sont prêts à procéder les militaires. Une solution pourrait être de remplacer les ministres de l’Intérieur et de l’Information, particulièrement impopulaires.

“Les élections doivent être maintenues et nous soutiendrons un calendrier spécifique pour la période de transition”, a déclaré Saad el Katatni, secrétaire général du Parti de la liberté et de la justice, émanation des Frères musulmans qui espère une percée électorale aux législatives.

L’un des candidats à la présidentielle, Amr Moussa, a lui aussi appelé au respect du long processus de vote destiné à désigner les deux chambres du parlement et qui devrait s’achever au mois de mars. Il a estimé que l’élection présidentielle devrait se tenir ensuite dans un délai n’excédant pas six mois.

Seul le parti libéral Wafd a proposé un report de deux semaines pour le début de la première phase électorale, estimant qu’il convenait de rétablir la stabilité dans les rues pour garantir la sécurité des électeurs.

Pour l’heure, l’armée dit qu’elle n’interviendra pas dans les manifestations. “Les violences et le chaos disparaîtront par eux-mêmes, progressivement”, estime un officier.

L’annonce d’une élection présidentielle avant juillet 2012 vise directement à calmer les revendications de la rue où des groupes de jeunes opposés au calendrier du CSFA exigent que les militaires remettent le pouvoir aux civils.

“La jeunesse révolutionnaire n’entend pas discuter avec le conseil militaire. Le dialogue se poursuit sur la place Tahrir, et non à huis clos avec les généraux”, a déclaré Khaled Madeya, porte-parole de la Coalition de la révolution du 25 janvier.

“Les gens ont le sentiment qu’Hosni Moubarak est toujours au pouvoir. En Tunisie, ils ont déjà organisé des élections”, rappelle Ahmad Gad, un étudiant de 20 ans.

“Personne ne quittera la place avant que le conseil militaire quitte le pouvoir”, ajoute un homme de 58 ans.

La foule réclame la chute du maréchal Tantaoui et une effigie de l’officier a été pendue à un lampadaire.