Le chef de la diplomatie française estime que le statu quo entre Israël et les Palestiniens porte les germes d'une confrontation sur le terrain. À l'ONU, les tractations se poursuivent sur la question de la reconnaissance d'un État palestinien.
AFP - Le statu quo ne peut plus durer entre Israël et les Palestiniens, a affirmé lundi à New York le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, qui a dit craindre "une explosion de violence" dans la région.
"Il faut relancer le processus de paix" entre Israéliens et Palestiniens, a déclaré en anglais M. Juppé devant le Conseil des relations étrangères (CFR), un centre de réflexion américain, tout en jugeant le statu quo "inacceptable et intenable".
it"Tout change autour d'Israël", a observé ensuite le ministre français, au cours d'une conférence de presse, évoquant les évolutions en Egypte, en Syrie et les tensions entre Israël et la Turquie.
"Face à ce monde en plein bouleversement, ce que j'ai essayé de dire (en juin) à nos amis israéliens, c'était qu'il fallait qu'Israël bouge, que le statu quo n'était pas tenable. Nous renouvelons ce message", a dit Alain Juppé.
D'intenses échanges diplomatiques ont lieu depuis plusieurs jours pour éviter une confrontation majeure aux Nations unies, où les Palestiniens comptent déposer vendredi une demande d'adhésion de leur Etat, lors de la session annuelle de l'Assemblée générale de l'ONU.
Israël est hostile à cette démarche qualifiée d'"unilatérale", tout comme les Etats-Unis, parrains du processus de paix depuis des décennies, qui ont annoncé qu'ils opposeraient leur veto à la demande des Palestiniens si ceux-ci choisissent d'aller devant le Conseil de sécurité.
De nombreux analystes redoutent que ce bras de fer diplomatique ne dégénère en affrontements sur le terrain.
Le président palestinien Mahmoud Abbas, arrivé dans la nuit à New York, a lui-même affirmé que les Palestiniens s'attendaient à des temps "très difficiles" après leur initiative à l'ONU.
M. Juppé a indiqué qu'il verrait lundi après-midi le président Abbas afin "de bien comprendre la stratégie de l'Autorité palestinienne".
"Je vais lui demander quelle est sa stratégie", a-t-il annoncé: "Aller au Conseil de sécurité, et puis quoi ensuite? Nous devons éviter une telle confrontation. Nous devons trouver une solution équilibrée. Nous avons trois ou quatre jours pour trouver une telle solution".
"Nous (la France) avons fait beaucoup de propositions en son temps. Le Quartette (ONU, UE, Russie, Etats-Unis) n'était pas parvenu à se mettre d'accord sur ces propositions. Il y a encore un espoir dans les prochains jours que les discussions du Quartette permettent de faire des propositions équilibrées", a déclaré le chef de la diplomatie française.
"La France ne cautionnera pas une position du Quartette qui ne serait pas équilibrée", a insisté M. Juppé.
L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, envoyé spécial du Quartette sur le Proche-Orient, a indiqué dimanche à New York que le Quartette tentait d'élaborer une déclaration qui soit "un cadre de référence pour les négociations".
"Il serait utile que nous soyons pleinement impliqués dans l'avancement de ces discussions", a commenté Alain Juppé, regrettant le manque d'informations de la part de Tony Blair.
Le ministre français a indiqué que les ministres des Affaires étrangères de l'UE allaient se réunir mardi matin à New York sous la présidence de Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne.
"Si l'Union européenne voulait, elle pourrait jouer un rôle décisif car le gouvernement américain ne peut pas à lui tout seul débloquer la situation. (...) C'est ce à quoi nous travaillons mais pour l'instant il subsiste des différences d'appréciation", a commenté Alain Juppé.
"Il y a une position européenne très unifiée pour rester unis. (...) Et puis après ça se complique", a-t-il ironisé.