
L'éditeur La Martinière a conclu un accord avec Google sur la numérisation de ses œuvres épuisées, mettant un terme à un différend sur les droits. Hervé de La Martinière explique à FRANCE 24 pourquoi c'est une victoire pour l’édition française.
Les éditions françaises La Martinière et Google ont enfin trouvé un terrain d'entente. Le géant de l’Internet pourra, sous conditions, numériser les milliers d’ouvrages que la maison parisienne n’édite plus. Et ce, après une bataille juridique remportée en 2009 par Hervé de La Martinière.
Avant La Martinière, Hachette avait conclu un accord similaire avec Google en juillet dernier. Mais cette nouvelle signature obtenue par le géant américain revêt cette fois une forte valeur symbolique. En effet, le PDG du groupe français, Hervé de La Martinière fut le premier éditeur au monde, en 2006, à poursuivre en justice Google pour violation des droits d’auteurs et numérisation illégale d’ouvrages. Trois ans plus tard, il obtenait gain de cause devant le Tribunal de grande instance de Paris. Depuis, les deux parties cherchaient à trouver un compromis. Hervé de La Martinière explique à FRANCE 24 en quoi cet accord constitue une étape importante pour toute l’édition française.
France 24 : Que signifie l’accord passé avec Google pour les auteurs et les éditeurs ?
Hervé de La Martinière : Il va changer pas mal de choses. Jusqu’à présent, Google numérisait des livres français sans s’occuper des droits d’auteurs et sans demander la permission aux éditeurs. L’accord signé met fin à cet état de fait. Il stipule que Google doit nous fournir, avant toute chose, la liste complète de tous les livres qu’il compte numériser et nous pouvons, pour chaque livre, le permettre ou non. Les auteurs et les éditeurs reprennent le contrôle sur les livres.
F24 : L’accord concerne uniquement les ouvrages épuisés, ce qui ne représente qu’une petite partie de l’édition…
H.de La M. : Tout à fait, mais ce compromis marque surtout la fin de la période de divergence. Nous pouvons dorénavant avancer ensemble. Lorsque nous avions attaqué Google en justice, j’estimais que le groupe américain abusait de sa position dominante, ce qui était inacceptable. Il a fini par s’asseoir à la table des négociations et reconnaître le droit d’auteur et la liberté d’entreprendre, c’est une étape importante pour toute la profession.
F24 : Vous jugez donc avoir remporté la partie face à Google ?
H. de La M. : Nous avons obtenu les deux choses sur lesquelles nous ne voulions pas transiger. Google accepte de nous fournir la liste des livres qu’il va numériser et arrête de s’attribuer ce qui ne lui appartient pas. C’est donc une victoire à 100 % pour nous.
F24 : Pourquoi ne pas avoir directement négocié sur l’ensemble de votre catalogue ?
H. de La M. : La question des ouvrages épuisés était déjà suffisamment difficile à régler. Pour le reste, nous attendons de voir quelles sont les conditions et quel est le projet exact de Google. Mais je ne suis pas fermé à des négociations. Toutefois j’estime que la numérisation des ouvrages disponibles doit être effectuée par les éditeurs eux-mêmes.
F24 : Pensez-vous que vos confrères devraient s’inspirer de votre accord avec Google ?
H. de La M. : Absolument. Je ne serais pas étonné que Google considère cet accord comme l’étape décisive qui lui permettra de signer avec les autres maisons d’édition.