Joints au téléphone par FRANCE 24, les militants du bateau français "Dignité al-Karama" répètent leur détermination à atteindre Gaza. Il est le seul des dix navires de la "flottille de la liberté" à avoir pu quitter les eaux grecques.
Sur les dix embarcations de la "flottille de la liberté", une seule est parvenue à sortir des eaux territoriales grecques. Le bateau français "Dignité al-Karama", une vedette de 19 mètres, se dirige ce mercredi vers Gaza, malgré les menaces d’Israël de "faire usage de la force" à l’égard de toute embarcation approchant les côtes de l'enclave palestinienne.
Le navire a réussi mardi à échapper aux autorités grecques qui bloquent les autres embarcations de la flottille à destination de Gaza, officiellement pour "protéger [leurs] passagers". "Nous sommes dans les eaux internationales", a déclaré depuis le "Dignité al-Karama" Omayya Seddik, un militant franco-tunisien joint au téléphone par FRANCE 24. Il n’en dit pas plus, pour "des questions de sécurité".
Le "Dignité al-Karama" attend le reste de la flottille
Le bateau progresse à faible allure dans l’espoir d’être rejoint par le reste de l'escadre. "Nous espérons toujours […] que les autorités grecques reviennent à la raison, cessent d'être les sous-traitants du blocus israélien de Gaza et arrêtent d'interdire la libre circulation des bateaux de la flottille, a expliqué à l’AFP Julien Rivoire, le porte-parole des militants à bord du "Dignité al-Karama". Nous sommes en discussion permanente, nous communiquerons quand il y aura du nouveau".
À bord de la vedette se trouvent 12 personnes - dont Olivier Besancenot, l'ancien leader du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), et l’eurodéputé Europe Écologie-Les Verts Nicole Kiil-Nielsens. "Nous transportons aussi un peu d’aide humanitaire mais vraiment pas beaucoup. Nous sommes sur un bateau tout petit, explique Omayya Seddik. Il y a une très bonne ambiance, une super cohésion à bord. Tout le monde est d’accord sur le fait de maintenir le cap et d’atteindre Gaza, quelles que soient les péripéties", poursuit-il.
Une mission risquée
L’expédition n’est effectivement pas sans risques. En juin dernier, les autorités israéliennes ont prévenu qu’elles n’hésiteraient pas à utiliser la force contre tout bateau approchant des côtes gazaouies. En mai 2010, la tentative d'une précédente flottille humanitaire d'atteindre Gaza s’était achevée dans un bain de sang. Le "Mavi Marmara", un ferry battant pavillon turc qui transportait de l’aide destinée au territoire palestinien, avait été arraisonné par la marine israélienne. Neuf militants pro-palestiniens turcs avaient été tués dans l’assaut. "Nous avons peur, nous savons que les autorités israéliennes sont capables de tout, assure Omayya Seddik. Nous ne sommes pas des ‘Superman’ et des ‘Superwoman’ et nous n’avons pas envie de mourir."
Bien qu’elle soit risquée et surtout symbolique, cette mission reste essentielle aux yeux des militants. Pour eux, l’objectif est avant tout d’affirmer le droit des peuples à circuler librement. "La bande de Gaza, le territoire le plus densément peuplé du monde, n’est rien de plus qu’une vaste prison, estime Omayya Seddik. Les gouvernements occidentaux se contentent de faire des déclarations qui ne sont pas suivies d’effets. Au bout d’un moment, quand on voit que l’hypocrisie devient le caractère principal de la diplomatie occidentale, c’est normal que les peuples décident d’agir par eux-mêmes."
À l’instar de la plupart des ministères des Affaires étrangères européens, le Quai d’Orsay n’a eu de cesse de réprouver le projet de flottille pour Gaza. "L'envoi de bateaux à Gaza est une mauvaise idée. Une nouvelle flottille ne peut qu'attiser les tensions", a déclaré mardi à la presse Romain Nadal, l'un des porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Il a par ailleurs rappelé que la France avait "condamné le blocus israélien sur Gaza".
L’État hébreu impose un embargo sur la bande de Gaza depuis juin 2007. Il s’agissait, selon Israël, d’empêcher le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans le territoire, de se fournir en armes.