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La Turquie lâche le colonel Kadhafi

Le chef de la diplomatie turque reconnait désormais le Conseil national de transition libye comme "le représentant légitime du peuple libyen". Jusqu'à présent, Ankara avait toujours ménagé le régime du colonel Kadhafi.

AFP - La Turquie, seul pays musulman de l'Otan, reconnaît désormais le Conseil national de transition (CNT), la direction politique de la rébellion, comme étant "le représentant légitime du peuple libyen", a annoncé dimanche le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu.

Cela constitue un nouveau camouflet pour le régime de Mouammar Kadhafi qu'Ankara ménageait depuis le début du conflit.

La Turquie a dans un premier temps critiqué les frappes aériennes occidentales en Libye, puis offert en juin sa "garantie" pour que le colonel Kadhafi "soit envoyé là où il le souhaite" après avoir quitté le pouvoir.

Mais face à l'intransigeance de Tripoli, Ankara a peu à peu haussé le ton, pour finalement se joindre à la vingtaine de pays ayant officiellement reconnu le CNT en tant qu'unique interlocuteur en Libye.

"Le Conseil national de transition est le représentant légitime du peuple libyen", a déclaré Ahmet Davutoglu, en visite à Benghazi, bastion des rebelles dans l'Est.

Le ministre des Affaires étrangères a fait valoir que son pays pourrait jouer un rôle de premier plan dans le règlement de la crise.

A la question de savoir si la Turquie pourrait accueillir Mouammar Kadhafi dans le cadre d'un accord de paix, M. Davutoglu a répondu : "si la conclusion d'un accord est en vue, nous ferons tout, tout ce qui est possible".

En outre, le ministre a annoncé un prêt de 100 millions de dollars de la Turquie au CNT, en plus d'investissements du même montant dans des projets de BTP.

Samedi, le Journal officiel turc avait annoncé le retrait définitif de l'ambassadeur de Turquie à Tripoli, Salim Levent Sahinkaya, qui avait quitté la capitale libyenne en mars en raison des combats.

Le même jour, cet organe a publié un décret gouvernemental adaptant dans le droit turc les sanctions décidées en février par l'ONU contre Mouammar Kadhafi, sa famille et des proches de son régime.

Les sanctions visent notamment la Libyan Foreign Bank, qui possède 62,37% des parts de la banque turco-libyenne A&T Bank. A&T Bank pourrait, selon le quotidien Radikal, être saisie et placée sous le contrôle du Fonds d'assurances des dépôts d'épargne.