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Mardi, le président français Nicolas Sarzkoy a ouvert le sommet d'Internet en insistant sur le rôle "d’accélérateur de croissance" du Web plutôt que sur l'Internet "civilisé" : un aspect invoqué en janvier dernier pour justifier l'évènement.
Davos de l’Internet ? Cannes du Web ? L’e-G8, raout du numérique qui débute mardi pour deux jours à Paris, a tout du grand show. Ce sommet, organisé par l’Élysée et l’agence de communication Publicis, se veut la première conférence consacrée à Internet, dans le sillage du G8
La France, qui préside le G8 pour 2011, a réussi à réunir sous une même tente, au jardin des Tuileries, des grands noms du secteur : Eric Schmidt, ex-patron de Google, Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, ou encore Jimmy Wales, fondateur de Wikipédia. Une brochette de stars du 2.0 qui devront plancher sur l’impact d’Internet sur la croissance.
Mais l’initiative française ne fait pas que des heureux parmi les internautes, dont une partie voit le président français comme l’un des plus fervents d’une plus grande régulation du Web. Ils craignent que cet e-G8 soit l’occasion pour la France de "renforcer le contrôle centralisé d’Internet", comme l’écrit dans sa lettre ouverte le collectif G8Internet, qui rassemble plusieurs sites en faveur d’un Web sans entrave comme la Quadrature du Net ou encore l'Institute for Network Culture.
La crainte d'une réduction de la liberté d'expression
Les opposants à la régulation numérique craignent que le G8, qui débute ce jeudi à Deauville, se fonde sur les conclusions de l'e-G8 pour demander un cadre reglementaire visant à réduire la liberté d'expression et d'échange sur la Toile, sous pretexte de lutter contre la fraude et le terrorisme.
Une crainte reprise par Jeff Jarvis, journaliste américain et auteur d’une monographie sur Google ("What would Google do") qui a demandé, mardi, à Nicolas Sarkozy de prendre l’engagement de "ne pas nuire à Internet". Ce dernier lui a répondu, sur le ton de l’humour, que c’était comme lui demander "s’il préférait le soleil à la pluie" et qu’il y avait probablement des "engagements plus difficiles à prendre".
Une pirouette qui ne calmera sans doute pas les craintes des détracteurs du sommet parisien. En cause : le concept d’Internet "civilisé" - que Nicolas Sarkozy avait servi au monde de la culture lors de ses vœux, en janvier dernier. Le président français voulait alors en faire le maître mot de l’e-G8 - qu’il avait annoncé à la même occasion.
Un concept qui demeure fourre-tout
Plusieurs cyberactivistes s’étaient à l’époque émus de ce concept fourre-tout "aux relents de censure" comme l’écrit sur son blog l’artiste numérique américain Dominic Basulto. Le New York Times rappelait au passage que ce terme avait d'abord été utilisé par les autorités chinoises en 2006 pour justifier un programme de "nettoyage des contenus en ligne jugés offensants".
Cet "Internet civilisé" à la "sauce Sarkozy" représenterait pour ses détracteurs le fil rouge de l’activité de l'Élysée dans le domaine du Web. Avec la loi Hadopi pour lutter contre le téléchargement illégal ou encore le volet numérique de la Loppsi (pour Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, NDLR) qui prévoit un filtrage administratif, le gouvernement français ne s’est pas fait que des amis sur le Net.
L’Élysée et Publicis se sont peut-être rendus compte du mauvais effet produit par ce concept. "L'Internet civilisé ne sera pas le thème de cet eG8", souligne l'agence de com', auprès du Nouvel Observateur. "L'idée même du forum e-G8 voulu par le président Sarkozy est de promouvoir des discussions libres entre les personnes issues du monde d'Internet, afin qu'elles puissent influer sur le G8", rajoute Maurice Levy, président de Publicis, sur le blog de l'agence.
A un an de la présidentielle, les thèmes des tables rondes se veulent consensuels. Les discussions tourneront autour du thème "Inventer le futur" ou encore "Réinventer les modèles économiques". Il manque cependant au programme une grande discussion sur le rôle des nouvelles technologies face aux régimes autoritaires, relève l’hebdomadaire Marianne.
Sur son site, le magazine - très critique à l'égard de Nicolas Sarkozy - a d’ailleurs révélé vendredi qu’en 2010 le président français avait enterré l’idée défendue par son ministre des Affaires étrangères de l'époque, Bernard Kouchner, de mettre en avant "l’aide aux cyberdissidents" lors de ce premier e-G8.