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Laurent Gbagbo arrêté, Alassane Ouattara annonce des poursuites contre lui

Alassane Ouattara, président élu de Côte d'Ivoire, a annoncé lundi le lancement d'une "procédure judiciaire contre Laurent Gbagbo et ses proches, affirmant que "toutes les dispositions sont prises" pour assurer leur "intégrité physique".

REUTERS - Alassane Ouattara a lancé lundi soir un appel au calme et à la réconciliation après la capture de Laurent Gbagbo, contre lequel le président internationalement reconnu de la Côte d'Ivoire a annoncé l'ouverture de poursuites judiciaires.

Laurent Gbagbo a été arrêté dans sa résidence à Abidjan après une opération militaire des forces françaises. Paris insiste toutefois sur le fait que le président ivoirien sortant s'est rendu aux combattants d'Alassane Ouattara.

Le camp Gbagbo assure cependant que des militaires français de la force Licorne ont pénétré dans la résidence.

Président depuis 2000, Laurent Gbagbo refusait de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, désigné vainqueur du second tour de l'élection présidentielle en novembre selon des résultats certifiés par les Nations unies.

Face à la récente offensive des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, pro-Ouattara), facilement parvenues jusqu'à Abidjan le 31 mars, Laurent Gbagbo s'était refugié dans un bunker de sa résidence en compagnie de ses proches.

Avec sa femme Simone, il a été transféré à l'hôtel du Golf sous la surveillance des combattants d'Alassane Ouattara et des casques bleus de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), que la force française Licorne appuie.

"Notre pays vient de tourner une page douloureuse de son histoire", a dit Alassane Ouattara dans une allocution retransmise par sa chaîne de télévision TCI, en invitant les Ivoiriens à s'abstenir de tout acte de violences et de représailles.

Gbagbo prône un arrêt des armes

"Après plusieurs semaines d'affrontements inutiles, l'ancien chef de l'Etat Laurent Gbagbo a été arrêté ce lundi (...) par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire", a-t-il ajouté, en évoquant "l'aube d'une nouvelle espérance".

"Je demanderai au Garde des sceaux (...) d'engager une procédure judiciaire à l'encontre de M. Laurent Gbagbo, de son épouse et de ses collaborateurs."

Plus d'un millier de personnes sont mortes dans les violences post-électorales en Côte d'Ivoire, qui ont fait un million de déplacés.

Les propres forces d'Alassane Ouattara sont accusées de massacres durant leur progression éclair vers le sud du pays, fin mars, ce que son camp dément.

Alassane Ouattara a réitéré sa "volonté de mettre en place une commission vérité et réconciliation qui fera la lumière sur tous les massacres, crimes et autres violations des droits de l`homme".

Il a en outre invité les derniers partisans de Laurent Gbagbo à déposer les armes.

Le président sortant a lancé un appel similaire dans une brève intervention retransmise par la chaîne de télévision de son adversaire, qui a diffusé des images de Laurent Gbagbo vêtu d'un T-shirt blanc, entouré de combattants d'Alassane Ouattara. "Je souhaite qu'on arrête les armes", peut-on l'entendre dire.

Maintes fois reportée, l'élection présidentielle de 2010 était censée permettre à la Côte d'Ivoire de tourner la page des divisions provoquées par la guerre civile de 2002-2003.

Interrogations sur le rôle de la France

Le rejet par Laurent Gbagbo des résultats validés par l'Onu a toutefois replongé le pays dans les violences.

Alassane Ouattara est confronté à une tâche immédiate, celle d'éviter une crise humanitaire en fournissant à nouveau nourriture, sécurité et biens de première nécessité aux habitants d'Abidjan terrés chez eux pendant les 10 derniers jours de combats.

A plus long terme, il va devoir imposer sa légitimité à la tête du pays, dont 46% des électeurs ont voté pour Laurent Gbagbo, après avoir été apuyé militairement par l'Onu et la France, ancienne puissance coloniale.

La France a justement joué un rôle de premier ordre dans la capture de Laurent Gbagbo.

D'après des témoins, une colonne de plus de 30 blindés français s'est approchée lundi matin de la résidence de Laurent Gbagbo, bombardée la nuit précédente par des hélicoptères de Licorne et de l'Onuci.

Les combattants d'Alassane Ouattara se sont joints aux forces françaises durant leur progression au sol.

Tant le Premier ministre français François Fillon que le ministre de la Défense, Gérard Longuet, ont assuré que Laurent Gbagbo s'était rendu aux Forces républicaines de Côte d'Ivoire.

Le chef d'état major des armées françaises, Edouard Guillaud, a également démenti tout rôle des forces spéciales.

Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, a affirmé:
"Ce sont les forces (d'Alassane Ouattara) qui sont entrées dans la résidence présidentielle et qui ont procédé à l'arrestation de M. Gbagbo. Les choses sont d'une très grande clarté."