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Trois candidats de l'opposition boycotteront la présidentielle

Dénonçant une "grande mascarade électorale", les trois principaux candidats de l'opposition tchadienne ont annoncé la suspension de leur participation à la présidentielle du 24 avril. Ils demandent aux Tchadiens de boycotter le scrutin.

AFP - Les trois principaux opposants tchadiens au président Idriss Deby Itno, Saleh Kebzabo, Wadal Abdelkader Kamougué et Ngarlejy Yorongar, ont annoncé mardi qu'ils suspendaient leur participation à la présidentielle et appellent au boycott du scrutin du 24 avril.

"MM. Saleh Kebzabo, Kamougue Abdelkader et Yorongar Ngarlejy, ont décidé, en toute responsabilité, de suspendre leur participation à l'élection présidentielle du 24 avril 2011. Ce faisant, ils demandent solennellement à leurs compatriotes de ne pas se rendre aux urnes pour avaliser cette grande mascarade électorale, si cette décision devait être maintenue" a annoncé M. Kebzabo lors d'un point presse à N'Djamena en présence de M. Kamougué et Yorongar.

Ces trois hommes, candidats en 2001 et 1996, avaient déjà boycotté la présidentielle de 2006, remporté par Idriss Deby au pouvoir depuis 1990.

M. Kebzabo représentait l'Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR), principal parti d'opposition avec 9 sièges selon les résultats des législatives validés ce mardi par le Conseil Constitutionnel et qualifiés de "mascarade électorale" par l'opposition.

M. Wadal Abdelkader Kamougué, plusieurs fois ministre, était le candidat de l'Union pour le renouveau et la démocratie (URD) qui a obtenu 7 sièges aux législatives alors que le parti de M. Yorongar, la Fédération action pour la République (FAR), en a obtenu 4, loin derrière les 113 sièges sur 188 de l'Assemblée obtenus par la Mouvement patriotique du Salut (MPS) du président Deby.

MM. Kebzabo, Kamougué et Yorongar en appellent "au patriotisme des Tchadiens et les invitent à boycotter massivement la fraude historique du 24 avril 2011 pour manifester leur rejet d'un système de vingt ans dont le seul but est la gestion patrimoniale calamiteuse qui a relégué le Tchad au dernier rang des pays les plus corrompus, malgré les immenses richesses exploitées ces dernières années" a poursuivi M. Kebzabo.

Les trois candidats à "prennent à témoin l'opinion nationale et internationale qu'ils sont uniquement soucieux d'une élection organisée dans un minimum de règles de l'art pour que le processus démocratique se poursuive, dans l'esprit et la lettre de l'accord du 13 Août 2007", signé par pouvoir et opposition et qui devait aboutir à la démocratisation du régime, a-t-il expliqué.

Les cinq candidats concourant face au président Deby, MM Kebzabo, Kamougué, Yorongar, ainsi que le ministre Albert Pahimi Padacké et l'avocat opposant Nadji Madou, président de l'Alliance socialiste pour un renouveau intégral (ASRI), avaient posé des conditions à leur participation au premier tour.

S'appuyant sur le déroulement de législatives, ils exigeaient de nouvelles cartes d'électeurs, l'impression de bulletins de vote numérisés et sécurisés, la sécurisation du matériel de vote et de son acheminement, le réaménagement de la Commission électorale et le respect par les autorités des dispositions relatives au trafic d'influence et à l'utilisation du symbole des biens de l'Etat.

MM Padacké, actuel ministre des PTT, et M. Madou restent en lice.

Sur 11,1 millions de Tchadiens, 4,8 millions d'électeurs étaient appelés à voter. Les législatives étaient les premières élections non-boycottées par l'opposition depuis 2002.

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