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Un document prétendument sauvé du pillage des locaux des services égyptiens de sécurité prouverait l'implication du clan Moubarak dans les attentats de Charm el-Cheikh de 2005. Un avocat égyptien demande aux autorités l'ouverture d'une enquête.

La famille Moubarak serait-elle derrière les attentats de Charm el-Cheikh qui avait fait plus de 80 morts dans la nuit du 22 au 23 juillet 2005 ? Un avocat égyptien, Samir Sabri, a officiellement demandé, ce jeudi, aux nouvelles autorités du Caire d’ouvrir une enquête à ce sujet. Il cite des documents qui établissent un lien direct entre Gamal Moubarak, le fils du président égyptien déchu, et l'attaque meurtrière dans la célèbre station balnéaire bordant la mer Rouge.

Si cette thèse s’avère exacte, il s’agirait d’un sérieux coup porté à la famille de l’ancien raïs, Hosni Moubarak. Trois mois après ces attentats, le gouvernement égyptien avait en effet assuré qu’un groupe de bédouins était responsable de ce drame et des arrestations avaient même eu lieu. La piste d'Al-Qaïda avait aussi été évoquée à l’époque.

Pour étayer sa demande aux autorités, Samir Sabri s’appuie sur un document, prétendument sauvé lors du pillage du QG des services égyptiens de sécurité dans la nuit du 4 au 5 mars, et révélé ces derniers jours. Cette nuit-là, des dizaines d’Égyptiens avaient pris possession des locaux des services de sécurité, d'où des centaines d’archives, que les officiers sur place s’apprêtaient à détruire, ont pu être sortis. Cette semaine, des anonymes égyptiens ont mis en ligne tous les documents sauvés du pilon sur une page Facebook appelée "Amn Dawla Leaks" ("Les fuites des services de sécurité").

La cible était le propriétaire des hôtels

Dans l’un de ces documents, daté du 7 juin 2005, un membre du ministère de l’Intérieur confirme le projet de perpétrer des attentats-suicides contre des hôtels situés à Charm el-Cheikh. "L’affaire pourra être étouffée car ceux qui mèneront les opérations seront tués par les explosions", peut-on lire sur ce bout de papier qui porte le sigle du ministère de l’Intérieur. Les auteurs du document fixent même la date des attentats au 23 juillet, jour de la fête nationale égyptienne.

Si ce plan de route semble prouver l’implication directe du ministère égyptien de l’Intérieur dans les attentats de Charm el-Cheikh, il n’est nulle part fait mention de la famille Moubarak. "Le lien vient des relations entre Hussein Salem, le propriétaire des hôtels visés par les attaques, et les deux frères Alaa et Gamal Moubarak", explique Samir Sabri à FRANCE 24. Là encore, l’avocat s’appuie sur les documents recueillis dans les locaux des services de sécurité.

Un autre document, daté du 30 janvier 2005, fait ainsi état d’une dispute entre les deux fils d’Hosni Moubarak et Hussein Salem. Au cœur de la chamaillerie : un projet de vente de gaz à Israël. Selon le document, Hussein Salem reproche à Gamal Moubarak de vouloir toucher une trop substantielle commission sur cette transaction. Ce dernier aurait alors violemment pris à partie le propriétaire des hôtels.

À en croire Samir Sabri, la tragédie de Charm el-Cheikh ne serait donc qu'un vulgaire règlement de comptes entre le clan Moubarak et un partenaire commercial peu arrangeant. Encore faudrait-il que les documents soient authentiques. Samir Sabri l'assure, même si "ces derniers jours des faux commencent à circuler". Pour l’heure, les autorités égyptiennes n’ont pas encore répondu à la demande d’ouverture d’une enquête.