logo

Les forces pro-Kadhafi lancent une contre-offensive à l'ouest de Tripoli

Les insurgés libyens affirment tenir le terminal pétrolier de Ras Lanouf, dans le golfe de Syrte. À l'ouest du pays, les forces gouvernementales ont lancé une contre-offensive pour tenter de reprendre la ville de Zaouïa, aux mains des rebelles.

AFP - Les insurgés libyens, maîtres de l'est du pays, se sont lancés à l'attaque de villes contrôlées par l'armée régulière du colonel Mouammar Kadhafi, alors que le "Conseil national" mis en place par l'opposition doit se réunir samedi pour la première fois.

it
"La ligne de front se déplace rapidement vers l'Ouest"
Les forces pro-Kadhafi lancent une contre-offensive à l'ouest de Tripoli

A Benghazi, fief de l'opposition, le bilan des deux explosions vendredi soir dans un dépôt d'armes est monté à au moins 27 morts et des dizaines de blessés.

Sur le terrain diplomatique, Tripoli a demandé à l'ONU de lever ses sanctions contre la Libye.

Vendredi soir, un responsable gouvernemental libyen a affirmé à l'AFP que l'ouest du pays était "totalement sous le contrôle" du régime, mais que l'Est restait "problématique".

A Bengazi, le "Conseil national" mis en place par l'opposition libyenne pour renverser M. Kadhafi et préparer une transition politique doit tenir sa première réunion formelle samedi dans un lieu tenu secret.

Série de sanctions européennes contre la Libye

L’Union européenne a adopté, le 3 mars, une série de sanctions contre la Libye. Elle a notamment décidé de mettre en place un embargo sur les armes et une interdiction d'exporter du matériel susceptible d'être utilisé à des fins de répression interne. Le texte prévoit en outre un gel des avoir financiers du colonel Kadhafi ainsi que d’une vingtaine de ses proches, dont :

- Le colonel Massoud Abdulhafiz, commandant des Forces armées

- Le colonel Abdullah Al-Senussi, directeur du renseignement militaire

- Mohammed Abdussalam, chef de la lutte contre le terrorisme

- Abu Bakr Yunis Jabir, ministre de la Défense

- Abu Zayd Dorda, directeur de l'Organisation de la sécurité extérieure

Cliquez ici pour consulter la résolution.

L'ancien ministre de la Justice, Moustapha Abdeljalil, qui a été l'une des premières personnalités importantes du régime à rejoindre l'opposition dans les premiers jours de la révolte, a été nommé président de ce conseil créé mardi et composé de 30 membres.

L'insurrection, qui depuis plusieurs jours, avale les kilomètres et "libère" des villes à l'ouest de Benghazi, affirme contrôler désormais Ras Lanouf après de violents combats avec les forces gouvernementales. Tripoli a démenti et assuré que la situation y était "normale".

Les combats de vendredi ont fait au moins huit morts et plus de 20 blessés, selon un médecin de l'hôpital d'Ajdabiya, à 200 km à l'est de Ras Lanouf, où ont été transférés une partie des tués et des blessés.

Ras Lanouf est un port pétrolier stratégique à une centaine de kilomètres à l'est de Syrte, ville natale et fief du colonel Kadhafi, qui fait face depuis plus de deux semaines à une insurrection sans précédent en près de 42 ans de règne.

Dans la ville, un journaliste de l'AFP a vu des rebelles positionnés à l'extérieur du complexe pétrolier d'Harouge, des casernes et du commissariat, mais il n'était pas possible de confirmer dans l'immédiat si les rebelles contrôlaient la totalité des zones résidentielles de Ras Lanouf.

En revanche, Zawiyah (60 km à l'ouest de Tripoli), contrôlée depuis le 27 février par les manifestants anti-Kadhafi, pourrait avoir été reprise par les forces du régime. Des combats y ont opposé l'armée aux insurgés, faisant de "nombreux" morts et blessés, selon un témoin et l'opposition.

"A Zawiyah, tout est revenu à la normale", a déclaré le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, affirmant que la population s'était soulevée contre "les terroristes" avec le soutien de l'armée.

Mais un militant politique de Zawiyah, Mohammad Qassem, interrogé sur la chaîne Al-Jazira, a assuré que la ville était encerclée mais pas prise.

A Tripoli, des affrontements ont opposé vendredi les forces de l'ordre à une centaine de manifestants scandant des slogans contre le régime dans le quartier rebelle de Tajoura. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les protestataires, selon des témoins.

L'accès à l'internet a été coupé jeudi dans toute la Libye pendant 30 minutes, pour la deuxième fois en deux semaines, a indiqué vendredi Arbor Networks, société spécialisée dans la surveillance du trafic.

it
Reportage sur la Place verte, samedi, à Tripoli
Les forces pro-Kadhafi lancent une contre-offensive à l'ouest de Tripoli

Au 19e jour de révolte, les insurgés cherchaient à avancer le long de la côte après d'âpres combats.

"Le plan est d'avancer petit à petit dans leur direction pour les pousser à reculer. Nous ne voulons pas nous battre, nous voulons leur imposer une pression psychologique (...) Mais si nous devons tuer pour remporter cette bataille, nous le ferons", a assuré à l'AFP le colonel Bachir Abdelkader.

L'opposition a également manifesté à Benghazi, deuxième ville du pays. Quelque 5.000 fidèles ont prié après un prêche lors duquel l'imam a promis que "la victoire était proche".

Vendredi soir, deux explosions ont détruit un dépôt d'armes sur la base militaire Al-Rajma, à 20 km au sud-est de Benghazi, tuant au moins 27 personnes, selon des sources médicales. Plus de vingt personnes ont également été blessées, selon ce nouveau bilan.

"Nous ne savons toujours pas avec certitude si c'était un sabotage, un accident ou une frappe aérienne, mais personne n'a vu d'avion", a précisé à l'AFP Moustapha Gheriani, un porte-parole du Conseil national indépendant mis en place par les insurgés dans l'Est du pays qu'ils contrôlent.

"On estime à environ 40 le nombre de personnes qui se trouvaient à l'intérieur", a-t-il précisé, soulignant que le bilan pourrait encore s'alourdir.

Tripoli, qui a demandé vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU de suspendre les sanctions adoptées samedi contre M. Kadhafi, a en outre donné son feu vert au gouvernement vénézuélien pour une commission de paix.

A la frontière tunisienne, où une course contre la montre étaient engagée pour éviter une catastrophe humanitaire, le cap des 100.000 réfugiés ayant fui le chaos a été franchi vendredi, selon la protection civile tunisienne.