Malgré le décès d'un jeune chiite portant à sept le nombre de morts lors de la répression, les manifestations se poursuivent sur la place de la Perle dans la capitale Manama, lundi. Une grande marche organisée par l'opposition est prévue demain.
AFP - Un manifestant chiite a succombé lundi à ses blessures, portant à sept le nombre des morts de la répression à Bahreïn où l'opposition préparait une démonstration de force avec une grande marche mardi à Manama.
Les manifestants, qui poursuivaient leur sit-in sur la place de la Perle à Manama, ont radicalisé leurs revendications en réclamant la fin du règne de la dynastie des Al-Khalifa alors que l'opposant Hassan Machaimaa, jugé par contumace, a annoncé de Londres son intention de regagner le pays mardi.
Le bilan de la répression du mouvement de contestation populaire, lancé le 14 février, s'est alourdi à sept tués avec la mort de Mohamed Ridha, âgé d'une vingtaine d'années.
Le jeune homme, "touché à la tête par balle vendredi lorsque l'armée a tiré sur la foule à Manama", a succombé à ses blessures, selon un responsable du mouvement chiite al-Wefaq, Abdel Jalil Khalil Ibrahim.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a répété dimanche que les violences mortelles à Bahreïn étaient "inacceptables" et que les autorités devaient procéder à des "réformes" aussi vite que possible.
Pour sa part, le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Nayef Ben Abdel Aziz, a assuré au roi de Bahreïn, Hamad Ben Issa Al-Khalifa, que Ryad soutenait Manama "contre tout ce qui nuit à la sécurité, la stabilité et l'unité nationale" de Bahreïn.
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L'opposition poursuivait lundi ses concertations sur l'offre de dialogue faite par le prince héritier de Bahreïn, Salmane ben Hamad Al-Khalifa, tout en mobilisant ses partisans pour une marche mardi après-midi.
"Nous attendons jusqu'à 100.000 participants à la marche" qui devrait converger vers la place de la Perle, a déclaré à l'AFP M. Ibrahim.
"Nous sommes prêts au dialogue, qui n'a pas encore commencé. Mais il faut une plate-forme pour que ce dialogue soit fructueux", a ajouté ce responsable du Wefaq, réclamant entre autres "la démission du gouvernement qui n'a pas protégé son peuple".
L'opposition assure ne pas vouloir un changement de régime, mais l'instauration d'une monarchie constitutionnelle.
De leur côté, les manifestants qui campent sur la place de la Perle ont radicalisé leurs demandes. "Nous ne voulons plus des Al-Khalifa, ni de leur règne", a lancé, furieuse, Chérifa, une jeune femme drapée de noir, qui s'est déclarée déterminée à poursuivre son sit-in sur cette place devenue le coeur de la contestation.
Des slogans tels que "Démission Al-Khalifa" ou "Le peuple veut la chute du régime", timidement scandés au début du mouvement de contestation, sont maintenant souvent répétés par une foule, dont de nombreux jeunes, exaspérés par la répression meurtrière de leur mouvement.
Par ailleurs, l'opposant chiite bahreïni Hassan Machaimaa, actuellement jugé par contumace pour terrorisme, a annoncé à l'AFP depuis Londres, où il se trouve depuis la mi-juin pour soigner un cancer, qu'il rentrerait mardi soir à Bahreïn.
Il a affirmé qu'il n'avait "aucune garantie" qu'il ne serait pas arrêté à son arrivée dans la capitale bahreïnie.
Secrétaire général du Haq, ou Mouvement des libertés et de la démocratie (MLD), il est l'un des deux accusés jugés par contumace dans le procès d'un groupe de 25 personnes soupçonnées d'actes de terrorisme et dont le procès s'était ouvert fin octobre.
Sur le plan économique, l'agence de notation Standard and Poor's a baissé d'un cran lundi la note du Bahreïn, passée de A à A-, et prévenu qu'elle pourrait la baisser de nouveau au vu du "risque politique élevé" auquel est confronté cet Etat du Golfe après une semaine de manifestations.