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L'Année du Mexique, victime collatérale de l'affaire Cassez

Au lendemain d'une nouvelle demande de transfèrement en France de Florence Cassez, condamnée à 60 ans de prison au Mexique, les autorités mexicaines ont annoncé leur retrait de l'organisation de l'Année du Mexique en France.

L’affaire Florence Cassez n’en finit pas de faire des remous diplomatiques. Lundi soir, le gouvernement mexicain a annoncé son retrait de l’organisation de l’Année du Mexique en France lancée le 3 février après la décision du président Nicolas Sarkozy de dédier cet événement à Florence Cassez, la Française condamnée à 60 ans de prison pour enlèvements.

Qu'est-ce que l’Année du Mexique en France ?

Du 3 février à début décembre 2011, le pays d'Amérique central est mis à l’honneur sur tout le territoire français, avec plus de 250 manifestations culturelles, économiques, scientifiques et universitaires destinées à promouvoir son patrimoine, et à renforcer les liens qui l'unissent à la France.

Cette jeune femme arrêtée en 2005, condamnée pour enlèvement, séquestration, délinquance organisée, et qui n’a jamais cessé de clamer son innocence, est à l’origine d’une grave crise diplomatique franco-mexicaine.

Ému par le sort de la jeune femme, le président français avait dernièrement émis le souhait de commencer chaque manifestation de l’Année du Mexique par un rappel de la situation de la prisonnière. Une récupération politique qui a fait sortir le Mexique de ses gonds et envenimé un peu plus des relations déjà fortement dégradées entre les deux pays après le rejet par la justice mexicaine jeudi dernier, du pourvoi en cassation de la jeune Française.

Pour le moment, aucun lieu public d’accueil des manifestations culturelles n’a souhaité répondre aux questions de France24.com et réagir à l’annonce mexicaine. Seul le musée d’art moderne de Paris, qui doit organiser une exposition d'artistes mexicains en juin prochain, a daigné déclarer, visiblement mal à l’aise, "que les événements étaient encore prématurés pour en parler".

Réaction "incompréhensible"

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"Je suis abasourdi par cette décision"
L'Année du Mexique, victime collatérale de l'affaire Cassez

"La nouvelle a pris tout le monde par surprise ici", explique pour sa part Laurence Cuvillier, correspondante de FRANCE 24 à Mexico. "Elle fait déjà les gros titres sur tous les sites d’information", ajoute-t-elle.

Carlos de Icaza, l’ambassadeur du Mexique a toutefois essayé de tempérer la crise diplomatique en déclarant ce mardi que son pays ne boycotterait pas l’événement si les autorités françaises renonçaient à lier la manifestation à l'affaire Florence Cassez.

Contacté par FRANCE 24, Franck Berton, l’avocat de Florence Cassez s’est dit "abasourdi" par une décision "incompréhensible" et a dénoncé l’amalgame fait entre affaires culturelles et affaires d'état. "Florence est devenue un otage politique et je suis très inquiet pour elle", confie-t-il.

Une incompréhension qui laisse également Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture, interdit. Interrogé sur France Info mardi matin, il a estimé que l'annonce du retrait mexicain était "une façon de prendre la culture en otage".

De son côté, Gauthier Rybinsky, le spécialiste de politique internationale à FRANCE 24 tente d'apporter une explication au comportement mexicain. "Il faut bien se rendre compte que l’affaire Cassez est un symbole très important pour un pays qui compte entre 3000 et 4000 enlèvements par an. C’est un fléau colossal qui gangrène le Mexique. Le cas Cassez est donc extrêmement sensible et loin d’être terminé".

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"Les enlèvements sont une gangrène au Mexique"
L'Année du Mexique, victime collatérale de l'affaire Cassez