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"Coney Island Baby", la facette américaine de la féminité vue par l'auteure Antico

Parmi les œuvres incontournables à Angoulême : "Coney Island Baby", deuxième album de Nine Antico. Les récits croisés d’une pin-up et d’une star du porno permettent à la jeune auteure de parler des États-Unis et du corps féminin.

Deux jeunes filles aux oreilles de lapin se présentent hardiment chez Hugh Hefner. Drapé dans son peignoir blanc, le célèbre patron du magazine Playboy les met en garde : "Se déshabiller pour Playboy a d’autres répercussions que de montrer ses seins à l’équipe de foot après avoir descendu trop de margaritas cul sec ! "Hugh Hefner a beau donner une tonalité de domination masculine à l’entame de l’album, c’est bien une auteure qui tient les rênes de l’intrigue. Et il s’agit de raconter les réussites et les désillusions de deux figures du fantasme masculin de la seconde moitié du XXe siècle aux États-Unis : la pin-up Bettie Page et la star du porno Linda Lovelace.

Nine Antico l’avoue, la question des femmes, de la séduction, sont des sujets qui ne la lâchent pas. C’était déjà le thème dans "Le goût du paradis" (éd. Ego comme X, sélectionné pour le prix de la meilleure première bande dessinée à Angoulême en 2009), qui narre les tâtonnements amoureux d’une préadolescente dans le milieu difficile du "9-3". Cette fois, Nine Antico s’attaque au "rêve américain" véhiculé par le rock et les films hollywoodiens, qui ont porté ses rêves d’enfant.

Dans ce deuxième album, la femme est abordée dans sa maturité, se débattant avec le système de fantasme masculin. Nine Antico ne cache pas les larmes, le sperme qui coulent, les maquilleuses sadiques. Le sujet a beau être sexuel, les corps sont esquissés avec un trait doux, symbolique, distancié.

La BD, éditée par l’Association, a été chaleureusement accueillie dans les médias français. Elle est en passe d’être traduite en Allemagne. Va-t-elle se faire une place aux États-Unis ? "Bien sûr, j’adorerais. Mais je ne sais même pas dans quelle mesure ça peut passer l’océan. C’est quand même ma vision fantasmée de l’Amérique. Je me demande si ça ne fait pas un peu l’effet ‘baguette de pain’, comme quand on voit les Américains qui tournent un film à Paris". Nine Antico n’est pas encore sûre que son charme opère. À Angoulême, il est quasi assuré de son effet.

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