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Les dirigeants ouest-africains s'emparent du dossier ivoirien

La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se réunit en sommet extraordinaire pour discuter du dossier ivoirien, ce mardi, au Nigeria, après l'échec de la médiation de l'Union africaine conduite par Thabo M'beki.

La pression de la communauté internationale ne cesse de s'intensifier sur la Côte d’Ivoire. Ce mardi, les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se réunissent en urgence à Abuja, au Nigeria, pour tenter de trouver une solution à la crise politique qui paralyse le pays depuis le deuxième tour de l'élection présidentielle, qui s'est déroulé le 28 novembre.

La crise ivoirienne depuis le second tour de la présidentielle

- 28 novembre : second tour de l'élection présidentielle. Trois personnes tuées et plusieurs incidents localisés. Les deux camps s'accusent mutuellement d'avoir empêché leurs électeurs de voter dans certaines régions. La veille, un couvre-feu nocturne avait été instauré par un décret de Laurent Gbagbo.

- 2 décembre : La CEI annonce la victoire d’Alassane Ouattara avec 54,1% des voix. Huit morts lors d'une attaque nocturne dans une permanence du RHDP à Abidjan. Les autorités ferment les frontières et interdisent la diffusion des chaînes de télévision étrangères d'information.

- 3 décembre : Laurent Gbagbo est proclamé vainqueur avec 51,45% des suffrages par le Conseil constitutionnel. L'ONU, l'Union européenne, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne reconnaissent la victoire de Ouattara.

- 4 décembre : Durant le couvre-feu, deux personnes sont tuées dans le sud d’Abidjan. Laurent Gbagbo est investi chef de l'État, pendant qu’Alassane Ouattara prête serment par courrier "en qualité de président".

- 5 décembre : L’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, rencontre les deux hommes dans le cadre d’une mission de médiation lancée par l’Union africaine. Mais le soir même, Alassane Ouattara forme un gouvernement dont Guillaume Soro est le Premier ministre.

- 7 décembre : Laurent Gbagbo procède à son tour à la nomination d'un gouvernement. Réunis en sommet extraordinaire au Nigeria, les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) excluent provisoirement la Côte d’Ivoire de l'organisation et apporte leur soutien à Alassane Ouattara.

Bien que la Côte d’Ivoire soit l'un des 15 membres de la Cédéao, aucun de ses dirigeants n'a été invité à participer au sommet au cours duquel ses voisins vont tâcher de trouver une position commune sur le dossier. Ce sommet intervient alors que le pays compte toujours, à ce jour, deux présidents, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.

Dès dimanche, la Cédéao a condamné l'investiture de Laurent Gbagbo.

La communauté internationale soutient Ouattara

Dépêché lundi à Abidjan par l'Union africaine (UA) pour une mission de 24 heures, l'ancien président sud-africain Thabo M'beki a, lui, appelé les dirigeants ivoiriens à faire "tout leur possible" pour "préserver la paix", alors que la tension qui règne dans le pays fait toujours craindre son embrasement.

La situation ivoirienne préoccupe également la communauté internationale. Au pouvoir depuis 10 ans, Laurent Gbagbo semble occuper la position la plus fragile. Le président sortant, reconduit dans ses fonctions vendredi par un Conseil constitutionnel tout acquis à sa cause, fait, depuis, l'objet de nombreuses critiques à l'étranger.

Son rival, Alassane Ouattara, bénéficie en revanche d'un très large soutien international : l'ONU, les États-Unis, la France, l'Union européenne, le Royaume-Uni, l'Organisation internationale de la Francophonie ont ainsi reconnu sa victoire.

Barack Obama a, en particulier, mis en garde Laurent Gbagbo contre un "isolement accru" de son régime sur la scène internationale et l'a menacé de subir les "conséquences de ses actes injustes" s'il s'accroche au pouvoir. Laurent Gbagbo a envoyé des émissaires en tournée dans la sous-région pour demander le soutien de ses pairs.

L’ONU retire son "personnel non essentiel"

Présente dans le pays depuis plusieurs années, l’ONU a commencé mardi le retrait de "son personnel non essentiel" de Côte d'Ivoire, soit 460 personnes sur les 10 000 casques bleus, policiers et employés civils présents dans le pays.

Le secrétaire général de l'organisation, Ban Ki-moon, a par ailleurs indiqué qu’il demeurait profondément préoccupé" par la crise.

France Télécom-Orange a également décidé de rapatrier ses salariés français ou binationaux non indispensables ainsi que leurs familles, soit une vingtaine de personnes.

Le couvre-feu nocturne, qui devait initialement s'achever lundi, a par ailleurs été prolongé d'une semaine par Laurent Gbagbo, signe que la tension reste forte sur les bords de la lagune Ébrié.

Pur les Ivoiriens, la seule bonne nouvelle de ces derniers jours réside dans la réouverture, lundi, des frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays, qui étaient fermées depuis jeudi.