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L'Otan associe la Russie à la mise en place de son bouclier antimissile

Réunis à Lisbonne, les pays membres de l'Otan sont parvenus à s'entendre sur un système antimissile destiné à protéger les territoires de l'Alliance atlantique. Une question sur laquelle le président russe Dmitri Medvedev est invité à coopérer.

AFP - Les dirigeants de l'Alliance atlantique ont adopté vendredi à Lisbonne un nouveau concept stratégique qui guidera son action pour les dix ans à venir, se mettant d'accord sur un bouclier antimissile, a annoncé le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen.

"Nous avons adopté notre concept stratégique", a-t-il annoncé au cours d'une conférence de presse.

Ce document de 11 pages, qui remplace un précédent document datant de 1999, mentionne un système antimissile destiné à protéger les populations et les territoires de l'Alliance atlantique, qui sera désormais "un des éléments centraux de (leur) défense collective".

"Les Etats-Unis et nos alliés de l'Otan ont réalisé aujourd'hui des progrès substantiels", s'est réjoui le président américain Barack Obama.

"Je suis heureux d'annoncer que pour la première fois, nous nous sommes mis d'accord pour développer un système de défense antimissile suffisamment puissant pour couvrir le territoire européen de l'Otan et ses populations, de même que les Etats-Unis", a-t-il ajouté, avant de se dire "très optimiste sur le fait que ce sommet de Lisbonne fera date".

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a lui aussi estimé que "ce week-end allait rester dans les annales, au moins de l'Otan".

Il a jugé "historique et sensationnel que la Russie participe" à la réunion, au cours d'un sommet prévu samedi.

L'Otan va d'ailleurs demander à la Russie, ainsi qu'à "d'autres partenaires euro-atlantiques" de coopérer dans le domaine de la défense antimissile, précise le concept stratégique.

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L'Otan associe la Russie à la mise en place de son bouclier antimissile

M. Obama a par ailleurs obtenu vendredi un appui assez exceptionnel des alliés européens des Etats-Unis à la ratification rapide du traité de désarmement nucléaire russo-américain START signé en avril, que bloquent encore des membres de l'opposition républicaine au Sénat.

"Le message que m'ont transmis mes collègues de l'Otan ici ne pouvait pas être plus clair : un nouveau START renforcera notre alliance et renforcera la sécurité européenne", a-t-il déclaré à l'issue d'une première séance de travail du sommet de l'Otan.

M. Rasmussen a abondé dans son sens: "Je regretterais profondément que la ratification du traité START" par le Congrès des Etats-Unis "soit retardée". La "retarder nuirait à la sécurité des Européens", a-t-il insisté.

M. Obama avait tenté jeudi de forcer la main des républicains du Sénat qui hésitent à examiner avant 2011 le document signé avec la Russie.

"Il ne s'agit pas de politique, mais de sécurité nationale", avait-il insisté, expliquant que l'absence de ratification mettrait en cause la sécurité nationale américaine, mais aussi les relations avec Moscou.

Washington ne peut se permettre de "jouer" avec le contrôle des arsenaux nucléaires russes, avait-il plaidé, alors que l'administration Obama veut renouer avec Moscou après les années difficiles de l'ère Bush.

Le nouveau START prévoit une réduction de 30% du nombre de têtes nucléaires détenues par les deux superpuissances atomiques --elles concentrent à elles seules plus de 90% des armes de ce type-- et des vérifications mutuelles plus transparentes.

De son côté, l'Otan souhaite que cette hypothèque soit levée au plus tôt, car elle ne peut qu'empêcher le développement de la coopération avec la Russie et de nouveaux progrès dans le désarmement en Europe que l'alliance appelle de ses voeux.