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La ruée vers l'or vert gagne du terrain

Le lancement du projet du plus grand complexe au monde d'énergie solaire en Californie n'est qu'un exemple de l'intérêt que suscite le secteur des énergies renouvelables. Mais tout n'est pas rose au royaume de l'or vert.

La construction du plus grand complexe d’énergie solaire a été approuvé, mardi, en Californie. Quatre centrales solaires déployées sur 2 842 hectares sont censées, à terme, fournir de l’électricité à plus de 300 000 foyers. Un projet de six milliards de dollars qui devrait être achevé en 2013. C’est l’un des signaux les plus forts ces derniers temps de la ruée vers l’or vert, l'énergie renouvelable, qui s’opère un peu partout dans le monde.

Mais ce n’est pas le seul. La Grande-Bretagne est passée soudainement, le 24 septembre dernier, en tête des pays producteurs d’énergie éolienne offshore grâce à une gigantesque plateforme d’éoliennes capables de fournir de l’électricité à près de 200 000 foyers. La Grèce, de son côté, espère attirer des investissements dans les énergies renouvelables à hauteur de 45 milliards d’euros d’ici à 2015. Le premier ministre George Papandréou a affirmé, lors d’un colloque sur l’investissement “vert” le 22 octobre à Athènes, qu’en 2010 son pays aura attiré près de deux milliards d’euros, soit trois fois plus qu’en 2009.

"Pour l’instant, il y a un mouvement très fort d’investissements dans les différentes filières des énergies renouvelables", constate Michel Huart, secrétaire générale de l’Apere belge (Association pour la promotion des énergies renouvelables). Impossible cependant d’avoir un tableau d’ensemble du marché, tant il est disparate et divers. Énergie éolienne, solaire thermique, solaire photovoltaïque, la biomasse ou encore l’énergie hydraulique : autant de secteurs distincts regroupés pour des raisons de commodité sous la chapelle des énergies renouvelables.

L’éolienne a le vent en poupe

Au niveau européen, toutefois, quelques rares données existent. L’Observatoire des énergies renouvelables, qui publie un rapport annuel baptisé Observ’Er, estime dans son édition 2009 que près de 600 000 personnes en Europe travaillent dans les énergies renouvelables et que ce secteur génère un chiffre d’affaires de 91 milliards d’euros. La Commission européenne rappelle dans un rapport sur l’impact économique des énergies renouvelables qu’en 2005, le chiffre d’affaires du secteur était de 58 milliards d’euros. Selon ce même rapport, en 2020, 2,8 millions d’Européens pourraient travailler dans les énergies renouvelables.

Mais où exactement ? Actuellement, l’éolienne a le vent en poupe. "C’est la technologie la plus mature et elle attire donc le plus d’investissements à l’heure actuelle", explique Emelia Holdaway, consultante pour la société de conseil en énergie renouvelable néerlandaise Ecofys.

La situation peut varier grandement d’un pays à un autre. "Tout dépend des ressources locales", confirme Michel Huart. Les pays très industrialisés vont chercher à développer des infrastructures qui ne prennent pas beaucoup de place ou alors monter des installations au large de leurs côtes, le cas échéant. En Chine, "l’un des pays au potentiel le plus prometteur", selon Emelia Holdaway, la place ne manque pas pour des projets de toutes les tailles.

Tout n’est pas rose dans le vert

"Tout est une question de volonté politique, assure Barbara Breitschopf, chercheuse dans les énergies renouvelables  à l’Institut Frauenhoffer de Berlin . La crise économique a calmé certaines ardeurs. Ainsi, le récent plan de rigueur britannique taille dans les énergies renouvelables, à l'instar du fameux Grenelle de l’environnement français, considérablement réduit.

Tout n’est pas rose dans le monde de l’or vert. Vestas, le roi des éoliennes danois, a annoncé mardi la suppression de 3 000 postes à cause d’une "baisse de la demande mondiale". "La publicité répète à longueur de journée qu’il faut acheter le moins cher possible en ces temps de crise, ce qui n’est pas bon pour les énergies renouvelables plus chères à court terme", regrette Michel Huart.

Le recours à l’électricité "traditionnelle" demeure en effet moins cher que les nouvelles technologies, que ce soit l’éolienne ou l’énergie solaire. "Le développement de l’énergie renouvelable sera économique à long terme, mais avant cela l’augmentation de la facture électrique va faire baisser la consommation et freiner la croissance", estime Barbara Breitschopf. Elle avertit notamment que les nouveaux emplois dans ce secteur vont se traduire par des destructions de postes dans les énergies "traditionnelles". Même si le bilan doit être positif au final, la pilule risque d’être difficile à avaler.