Issu de la communauté des gens du voyage, l'ex-champion du monde de boxe Julien Lorcy vient de publier un roman intitulé "Gadjo". L'occasion pour lui de défendre vigoureusement ce mode de vie, qu’il estime injustement pointé du doigt.
Ex-champion du monde de boxe des poids légers (1999, 2001), Julien Lorcy publie un roman coup de poing. "Gadjo" (à paraître le 16 septembre aux éditions ILV Bibliotheca) raconte, à travers le prisme de la boxe, une tranche de vie des gens du voyage. L'occasion, pour le boxeur, de prendre la défense de sa communauté devenue la principale cible de la politique sécuritaire de l’Élysée.
France 24.com : Dans votre livre "Gadjo", vous décrivez la culture des gens du voyage à travers le monde de la boxe. S'agit-il d'un moyen de faire découvrir aux Français une communauté qui cristallise toujours autant de peurs et de fantasmes ?
Julien Lorcy : Les gens du voyage et les autres Français ont peur les uns des autres. Mais les hommes sont comme des cerisiers : sur l’arbre, il y a toujours quelques fruits pourris, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut le couper. Si les rapports sont tendus entre "monsieur et madame tout le monde" et la minorité des gens du voyage - qui sont des Français à part entière -, c’est d’abord parce qu’il y a encore trop d’incompréhension.
Qu’avez-vous pensé de la réaction du président de la République à la suite des événements de Saint-Aignan cet été ?
La réaction a été disproportionnée. D’abord, la légitime défense prônée par le gendarme qui a tiré sur la victime (Luigi Dequenet, NDLR) est aujourd’hui remise en question. Après, il est facile de s’en prendre à une minorité de Français qui ne peut pas voter car elle est classée parmi les sans domicile fixe. Sarkozy tape sur les gens du voyage pour prendre des voix au Front national, mais il devrait d’abord demander aux maires des villes de construire des aires d'accueil, comme le prévoit la loi. J’ai un frère qui est sur les routes et qui, malheureusement, a dû se déplacer à cause de ce qui s’est passé à Saint-Aignan. Pour évacuer ces camps, les maires appellent les préfets qui envoient des bataillons de gendarmes détruire les lieux à grands coups dans les portes. La France doit créer des liens, pas de la peur.
Pensez-vous que votre livre peut apporter des solutions ?
J’ai arrêté l’école en 5e, alors je ne sais pas si je suis le mieux placé... Dans la religion catholique, il est écrit qu’il faut savoir se soumettre aux lois du pays qui vous accueille. Mais comment parler d’intégration à une minorité qui est avant tout française ? Les gens du voyage sont des nomades et les gens pensent que nous ne payons pas d’impôts. C’est faux ! Nous vivons juste différemment mais nous payons nos impôts et sans avoir le droit de voter alors que c’est le droit de tous les Français. Le président demande bien de parler aux syndicats pour la réforme des retraites. Pourquoi ne pas appeler les associations des gens du voyage pour discuter des questions qui les touchent ? On confond aussi les Roms et les gens du voyage, qui n’ont absolument rien à voir entre eux. Pourtant, c’est scandaleux ce qu’ont fait vivre aux Roms depuis toujours. Changez le mot "rom" par "juif" et nous revenons en 1940.