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Retour au calme à Maputo après trois jours de sanglantes émeutes

Après trois jours de violentes manifestations contre la hausse des prix des produits de première nécessité, le calme est revenu à Maputo malgré une pénurie d'essence et d'argent liquide, conséquence de la paralysie de l'économie.

AFP - La police anti-émeutes quadrillait samedi les rues de Maputo où l'activité a repris, en dépit de pénuries d'essence et d'argent liquide, conséquences de trois jours de violentes protestations contre la vie chère au cours desquelles dix personnes ont été tuées.

La foule abondait dans le centre ville où les magasins ont rouvert, contournant les débris de barricades repoussés sur les trottoirs et des véhicules calcinés.

Les automobilistes cherchaient désespérément du carburant mais les stations service n'offraient souvent plus que du diesel, faute d'approvisionnement depuis que les émeutes ont éclaté.

Devant les distributeurs de billets, les files d'attente s'allongeaient dans l'espoir de retirer un peu d'argent avant l'assèchement complet des liquidités disponibles.

Tous les déplacements dans la capitale avaient cessé depuis mercredi. L'annonce d'une hausse du prix du pain, après des augmentations des tarifs de l'eau, de l'électricité et du pétrole, a alors précipité des milliers de manifestants dans les rues de terre battue des faubourgs pauvres de Maputo.

La police a tiré à balles réelles pour disperser la foule et décourager les pillards qui s'en prenaient aux échoppes. Sept personnes ont été tuées mercredi, 228 blessées.

Depuis, la colère continue de bouillir. Trois nouveaux morts dans des affrontements, jeudi, sont venus alourdir le bilan. Les hôpitaux de la capitale ont traité en trois jours plus de 400 personnes blessées dans les émeutes, par balles, à l'arme blanche, victimes de coups...

Les escarmouches se sont poursuivies vendredi dans les quartiers périphériques, souvent le fait de petits groupes qui enflammaient des pneus, puis s'enfuyaient à l'arrivée des forces de l'ordre.

Trois policiers ont été blessés par des jets de pierres, lors d'affrontements dans l'après-midi dans les faubourgs pauvres de Benfica et Hulene, a indiqué samedi le porte-parole de la police de la capitale, Arnaldo Chefo.

Une fois ces échauffourées contenues, aucun nouvel incident n'est venu troubler la nuit de vendredi à samedi à Maputo, a-t-il ajouté.

"Le nuit a été très, très calme", a confirmé le porte-parole de la Croix-rouge mozambicaine, Americo Ubisse.

"La situation est restée calme" également à Chimoio (centre), à 750 km au nord de Maputo, où six personnes avaient été blessées vendredi dans les premières manifestations rapportées en dehors de la capitale, selon la police provinciale.

Le Mozambique, dévasté par une longue guerre civile (1976-1992) qui a suivi le conflit armé pour l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise, connaît une misère alarmante. 65% de ses 20 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Les prix ont flambé ces derniers mois en raison de la montée des cours mondiaux des céréales mais aussi de la dépréciation de la devise nationale dans un pays très dépendant des importations.

En 2008 déjà, six personnes avaient été tuées dans des émeutes contre la hausse des prix des taxis collectifs.