
Le Parti socialiste estime que l'intervention de Nicolas Sarkozy n'apporte aucune clarification sur l'affaire Woerth-Bettencourt. Les syndicats dénoncent, eux, l'obstination du président à ne "rien changer" à la réforme des retraites.
"Un président de la République vivant dans un autre monde, très loin des Français et aussi très loin de la vérité, sur le chômage, les retraites, la sécurité" : la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a vivement critiqué l'intervention de Nicolas Sarkozy sur France 2 lundi soir. Près de 6,6 millions de téléspectateurs, soit 30% des parts d'audience, ont suivi cette interview en direct de plus d'une heure. Le président français, qui a notamment défendu Eric Woerth dans le cadre de l'affaire Bettencourt et a réaffirmé sa volonté de réformer les retraites, n'a pas convaincu à gauche.
Martine Aubry a notamment dénoncé le fait que ce discours n'implique aucun "changement de cap". Concernant l'affaire Woerth-Bettencourt, elle a déploré que le président n'ait apporté aucune "clarification" ni "décision". Nicolas Sarkozy "a décidé tout seul qu'Eric Woerth était innocent. C'est le mot qu'il a employé. Je pense que les Français s'attendaient plutôt à ce qu'il annonce qu'il y aurait la saisine d'un juge d'instruction indépendant", a ajouté le secrétaire national du PS au travail et à l'emploi Alain Vidalies. De son côté, le député socialiste Claude Bartolone dit avoir vu lundi soir "un président sur la défensive".
Pour Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), les déclarations du président français "confirment que la politique du gouvernement est de détruire une à une les conquêtes sociales, les services publics, de faire payer aux salariés la crise du capitalisme et de continuer à préserver le patronat et les grandes fortunes". Le PCF a estimé que le président n'avait fait "aucune proposition", tout en faisant preuve "d'un grand mépris à l'égard des Français et des partenaires sociaux en déclarant qu'il ne changera rien à ses réformes".
"Redonner le cap de l'action du gouvernement"
A l'UMP, les réactions à l'interview télévisée du chef d'Etat sont mitigées. Jean-Pierre Grand, député UMP "villepiniste", espérait que Nicolas Sarkozy annoncerait la suppression du "bouclier fiscal". "Il a raté ce rendez-vous. Il a défendu Mme Bettencourt, il a défendu M. Woerth. Ce n'est pas ce qu'attendaient les députés UMP de base comme moi", a-t-il indiqué. Marie-Anne Montchamp, elle aussi députée UMP "villepiniste", n'a vu dans ce discours qu'une "réédition du programme de 2007".
Le président du groupe UMP, Jean-François Copé, a, au contraire, salué une "prise de parole forte et rassurante" qui "redonne le cap de l'action du gouvernement". Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'Emploi, a relevé le "calme" et la "sérénité" de Nicolas Sarkozy qui a "redonné sa place au temps long et au sens de l'action politique".
De leur côté, les syndicats se sont dit déçus par le discours de Nicolas Sarkozy, notamment sur le sujet des retraites. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a regretté que Nicolas Sarkozy ait décidé de "ne rien changer" à la réforme. "Je ne vois pas où sont les ouvertures dans son discours", a-t-il déclaré. L'un des objectifs de la réforme est "de répondre aux attentes des marchés financiers", a critiqué de son côté le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly.
Au rang des mécontents, l'association des régions de France a jugé "inadmissible" la mise en cause par Nicolas Sarkozy de l'augmentation du nombre des fonctionnaires des Régions. Lundi soir, le président français a en effet appelé les régions à décider, comme l'Etat, de ne pas remplacer un fonctionnaire partant à la retraite sur deux, pour réduire les déficits publics.