Secouée par une crise sans précédent depuis la débâcle des Bleus lors du Mondial sud-africain, la Fédération française de football (FFF) doit désigner dans la journée un président qui assurera l'intérim à la tête de l'organisation.
AFP - Le Conseil fédéral de la FFF se réunit ce vendredi pour commencer à solder les comptes d'un Mondial catastrophique, préparer l'après-Escalettes en nommant un président intérimaire et mettre sur les rails la reconstruction de l'équipe de France avec le nouveau sélectionneur Laurent Blanc.
Toute la question est de savoir si la crise sportive vécue par les Bleus en Afrique du Sud dégénérera ou pas en une crise de gouvernance aux conséquences fâcheuses pour la Fédération. Jean-Pierre Escalettes a quelque peu déblayé le terrain en annonçant sa démission dès lundi mais sa succession fait l'objet d'une sourde bataille entre le monde professionnel et amateur.
Selon les statuts de la FFF, le président intérimaire ne peut être qu'issu du Bureau, composé de huit membres (les six vice-présidents, Frédéric Thiriez, Fernand Duchaussoy, Noël Le Graët, Christian Teinturier, Gervais Martel, Jacques Léger, le trésorier général Bernard Desumer, le secrétaire général Henri Monteil).
Le nouveau dirigeant sera chargé de diriger l'institution jusqu'à la tenue d'une Assemblée fédérale. La prochaine est prévue le 18 décembre à moins qu'une AG élective extraordinaire ne soit convoquée dès la rentrée.
Mais l'identité du président intérimaire dépendra de l'état du rapport de forces entre les amateurs et les professionnels au sein du Conseil fédéral (21 membres en comptant M. Escalettes). Pour le moment, la balance penche en faveur des premiers.
La démission de M. Escalettes, la volonté du ministère des Sports et du secteur pro de modifier le mode de gouvernance de la FFF (création d'un directoire et d'un conseil de surveillance, une élection plus "démocratique" et plus directe d'un président jugé sur la base d'un programme) ont soudé les amateurs, bien décidés à ne pas apparaître comme les bouc-émissaires après le parcours lamentable des Bleus.
Dans ces circonstances, les changements radicaux souhaités par les pros (une démission collective du Conseil fédéral, un duo Thiriez-Duchaussoy pour assurer l'intérim) ont plutôt du plomb dans l'aile.
La cote de Fernand Duchaussoy est ainsi repartie à la hausse alors que le président de la Ligue de football amateur, trop marqué par sa proximité avec M. Escalettes, paraissait hors du coup il y a quelques jours.
M. Duchaussoy a consulté sa base durant la semaine et a notamment reçu le soutien implicite mercredi de Denis Massiglia. Le président du Comité national et sportif français (CNOSF) a balayé l'idée d'une démission collective du Conseil fédéral ("Je ne souhaite pas une démission en bloc"), ce qui devrait ruiner les plans échafaudés par le secteur professionnel.
L'autre option passe par la désignation de Bernard Desumer, personnalité consensuelle. Noël Le Graët, en dépit de ses succès économiques avec notamment le contrat mirifique signé avec Nike (42,66 millions d'euros annuels sur la période 2011-2018), pourrait, lui, payer son soutien à Raymond Domenech après l'Euro-2008.
Ces manoeuvres en coulisses éclipseraient presque l'autre temps fort du Conseil fédéral qui devrait être l'officialisation de la nomination de Laurent Blanc au poste de sélectionneur de l'équipe de France pour une durée de deux ans. Le +Président+ emmènera dans ses bagages son fidèle adjoint Jean-Louis Gasset et sera assisté d'un manageur général, Marino Faccioli, ancien directeur général adjoint de Lyon.
Il devrait ensuite exposer ses plans pour la refonte des Bleus lors d'une conférence de presse, qui se tiendrait mardi, selon une source proche du dossier.