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La majorité des barricades bloquant les quartiers ouzbeks de la ville d'Och, où de récents affrontements interethniques qui ont fait des centaines de morts se sont déroulés, a été levée par l'armée.

AFP - L'armée du Kirghizstan a levé dimanche dans le calme la quasi-totalité des barricades bloquant l'accès aux quartiers ouzbeks dévastés à Och, épicentre des récentes violences interethniques dans le sud qui ont fait des centaines de morts.

La communauté ouzbèke n'a pas opposé de résistance aux militaires lors de cette opération et les autorités kirghizes n'ont pas insisté sur le déblayage des quelques barrages restants dans cette deuxième ville du pays.

Le maire d'Och avait donné jusqu'à 12H00 GMT dimanche pour la levée de ces barricades qui bloquent l'accès aux quartiers ouzbeks ravagés par les émeutes, faute de quoi les autorités menaçaient de "recourir à la force".

Ces déclarations laissaient craindre une nouvelle flambée de violence, les tensions restant vives entre Kirghiz et les autorités d'un côté et les Ouzbeks de l'autre.

Après l'expiration de l'ultimatum, l'essentiel des barrages de fortune semblait avoir été démonté sans que des émeutes reprennent, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Il y a eu quelques moments de tensions (...) mais les négociations ont payé", a assuré à l'AFP le service de presse de la police d'Och.

"Les principaux axes et routes sont ouverts à la circulation. Il ne reste que quelques barricades dans des petites rues, des impasses et aux abords de la ville", a précisé le service de presse.

Interrogé sur la possibilité d'un recours à la force pour dégager ces derniers barrages, il a répondu par la négative. "Ca ne sert à rien d'envenimer la situation. Les gens vont comprendre d'eux-même qu'il faut les enlever pour obtenir de l'aide humanitaire", a estimé un porte-parole de la police.

L'opération de déblayage a commencé dans la matinée. Des véhicules blindés poussaient sur le bas côté des rues les camions, piliers en béton et arbres qui servaient à barricader les districts ayant le plus souffert dans les affrontements.

Par endroits, les habitants ouzbeks aidaient même les militaires, bien qu'ils accusent l'armée d'avoir participé avec la communauté kirghize aux violences ayant visé leur minorité.

Observant la levée des barricades par deux blindés dans le quartier de Chahid-Tepa, un des habitants, Salijan Noumanjanov, a avoué craindre une reprise des affrontements.

"Bien sûr qu'on a peur. Mais on ne remettra pas les barricades si ça reste calme. La vie doit reprendre son cours normal à un moment ou un autre", a dit ce retraité de 64 ans, dont l'un des frères a été tué dans les violences.

Malgré un calme précaire, le gouvernement intérimaire kirghiz a prolongé la veille l'état d'urgence et le couvre-feu à Och et les districts avoisinants jusqu'au 25 juin. Ces mesures étaient censées s'achever dimanche.

Les autorités ont par ailleurs promis une enquête sur les émeutes à un émissaire américain en visite à Bichkek samedi.

Les violences entre les communautés kirghize et ouzbèke qui ont éclaté dans la nuit du 10 au 11 juin à Och avant de se répandre dans la région voisine de Djalal-Abad, ont fait jusqu'à 2.000 morts, selon la présidente kirghize par intérim, Rosa Otounbaïeva.

Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont réfugiées en Ouzbékistan ou ont été déplacées à l'intérieur du Kirghizstan.

Le pape Benoît XVI a lancé dimanche "un appel pressant pour que la paix et la sécurité soient rapidement rétablies" au Kirghizstan, exhortant "toutes les communautés ethniques du pays à renoncer à toute provocation ou violence".

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