
Deux mois après la mort du président Lech Kaczynski, les Polonais doivent aujourd'hui lui désigner un successeur. Selon les derniers sondages, le libéral Bronislaw Komorowski, actuellement chef de l'État par intérim, est donné favori.
AFP - Les Polonais votaient dimanche pour élire le successeur de leur président Lech Kaczynski, mort dans une catastrophe aérienne, avec pour favori le président libéral par intérim suivi dans les sondages du frère jumeau du chef de l'Etat défunt.
Bronislaw Komorowski, 58 ans, qui s'était déjà présenté avant l'accident pour le scrutin prévu en automne, gardait une bonne avance dans les sondages publiés vendredi.
Mais il risque de ne pas franchir la barre de 50% des voix nécessaire pour l'emporter au 1e tour, auquel cas un second tour aura lieu le 4 juillet.
Chef de l'opposition conservatrice et président du parti nationaliste Droit et Justice (PiS), l'eurosceptique Jaroslaw Kaczynski, 61 ans, s'est lancé dans la bataille après la mort de son frère.
M. Komorowski, président de la chambre basse du Parlement et proche allié du Premier ministre libéral et pro-européen Donald Tusk au sein du parti Plateforme Civique (PO), obtiendrait au premier tour entre 41,1% et 51% des voix. Jaroslaw Kaczynski est lui crédité de 29% à 35,4% des intentions de vote.
Une victoire des libéraux priverait les conservateurs d'un pouvoir de veto aux lois, prérogative du chef de l'Etat utilisée souvent par Lech Kaczynski depuis la défaite du PiS aux législatives de 2007.
"C'est une élection très importante du point de vue politique. Plus que jamais, elle peut trancher: soit nous restons figés dans un conflit épouvantable, soit nous continuerons à avancer", a déclaré M. Tusk en votant à Sopot (nord).
Le président Kaczynski et 95 autres personnes ont trouvé la mort quand leur avion s'est écrasé le 10 avril à Smolensk, en Russie. La délégation polonaise se rendait aux cérémonies d'anniversaire du massacre de milliers d'officiers polonais en 1940 à Katyn.
Les quelque 26.000 bureaux de vote en Pologne, pays de 38 millions d'habitants, fermeront à 20H00 (18H00 GMT).
"J'ai voté pour Komorowski parce que son parti est tolérant et démocratique, à l'opposé du populisme que prône son rival", a déclaré à l'AFP Agnieszka Bienacka, 40 ans, en votant à Varsovie.
"Je suis pour Kaczynski", a dit Lech Czarzewski, 64 ans, vétérinaire à la retraite, "Jaroslaw nous garantit une politique indépendante, de l'UE et des autres". "Voyez la catastrophe de Smolensk: il y a déjà des témoins disparus. On ne saura jamais la vérité, mais nous savons bien comment ça a été", dit-il, alors que des théories du complot circulent en Pologne, notamment au sein de la droite catholique.
L'accident, puis les inondations dévastatrices de mai et juin, ont profondément marqué la campagne.
Henryk Boruch, un agriculteur dont la ferme a été ravagée par les crues de la Vistule, a néanmoins voté à Wilkow, à 150 km au sud de Varsovie.
"C'est notre obligation, même si on a la tête ailleurs", dit-il à l'AFP, avant de confier, résigné: "j'ai tout perdu, il ne me reste plus rien".
Jaroslaw Kaczynski a voté dans son quartier de Zoliborz en compagnie de sa nièce Marta, fille du président défunt, venue avec ses deux fillettes et son mari.
Bronislaw Komorowski, accompagné de son épouse, a mis son bulletin dans l'urne dans un bureau proche du stade de Legia Varsovie.
Les sondages prévoient une participation relativement faible, d'environ 50%.
Les résultats des sondages effectués à la sortie des bureaux de vote seront rendus publics par des chaînes de télévision aussitôt après la fermeture. La publication des résultats partiels est attendue avant lundi matin.