
La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) s'intéresse de près à Google Street View, qu'elle accuse d'avoir récupéré des données électroniques via des réseaux WiFi, après avoir capturé des mots de passe et des adresses IP .
AFP - La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a constaté que le service de cartographie Street View, appartenant à Google, avait enregistré des "extraits de contenus de messages électroniques", a annoncé jeudi le président de la Cnil, Alex Türk.
La Cnil avait engagé le 19 mai un contrôle de Google, après que celui-ci eut révélé que ses véhicules Streetview, qui sillonnent les villes, avaient enregistré "par erreur" non seulement des photographies, mais aussi des communications issues de réseaux WiFi non sécurisés.
Google n'ayant pas communiqué toutes les informations demandées dans les délais impartis, la Commission lui avait adressé une mise en demeure.
La Cnil a enfin pu accéder le 4 juin à ces données, "rapatriées des Etats-Unis".
"Ces informations sont actuellement en cours de contrôle", a précisé M. Türk, lors de la présentation à la presse du rapport annuel 2009 de cette institution.
Mais la Cnil a d'ores et déjà constaté qu'"il y a des captures de mots de passe associés à des adresses IP" et que, "dans un certain nombre de cas, des extraits de contenus de messages électroniques ont été récupérés", a-t-il indiqué.
Ces extraits peuvent comporter "des données normalement couvertes par le secret de la presse, bancaire, médical", a-t-il souligné. Ce qui est également "préoccupant" à ses yeux est que ces données ont "semble-t-il" été recueillies "depuis deux ans" en France.
La formation contentieuse de la Cnil examinera cette affaire "dans les semaines qui viennent" et devra décider d'éventuelles sanctions contre Google, probablement "vers la fin septembre", a-t-il ajouté.
"Nous nous sommes mis en rapport avec les autorités de protection des données dans les pays concernés et nous travaillons en ce moment même avec eux pour répondre à toutes les question qu’ils se posent", a réagi Google France, interrogé par l'AFP. "Notre objectif ultime est d’effacer les données correspondantes à nos obligations légales et en coordination avec les autorités compétentes".
Plusieurs pays ont ouvert des enquêtes après la révélation de l'enregistrement de ces données, et des poursuites ont été engagées par plusieurs Etats américains qui exigent des dommages et intérêts pour le préjudice subi.
Généralement, les sanctions applicables par la Cnil peuvent être un simple avertissement, une sanction financière, voire une transmission au parquet en vue de poursuites pénales.
Il s'agit surtout "d'amener Google à revenir à une conception plus respectueuse" des principes européens "en matière de protection des données personnelles", a précisé M. Türk.
Lors des contrôles, la CNIL a par ailleurs "eu la confirmation que le service Street View fournissait des informations utiles à d'autres services de Google Maps, et notamment à Google Latitude", a précisé la Commission.
La CNIL a donc rappelé à Google "qu'il devait également se mettre en conformité avec la loi Informatique et Libertés en déclarant le service Latitude".
Ce service permet aux usagers de téléphones mobiles de localiser leurs interlocuteurs également inscrits au service.
M. Türk a par ailleurs exprimé ses inquiétudes concernant la montée des réseaux sociaux tels que Facebook, s'interrogeant sur "la philosophie du système".
"Lorsque j'entends M. (Mark) Zuckerberg (NDLR: patron de Facebook) dire qu'il faut que l'on prenne l'habitude de reconsidérer notre conception de la vie privée pour nous adapter aux nouvelles technologies, pour moi c'est absolument inacceptable", a-t-il ajouté.