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À Gaza, le blocus dure depuis plus de 1 000 jours

La flottille internationale, arrêtée par l'armée israélienne alors qu'elle faisait route vers Gaza, voulait briser le blocus imposé par Israël depuis juin 2007. Un siège qui a des conséquences dramatiques pour la population gazaouie.

Les habitants de Gaza ont célébré, le 7 mars dernier, un triste anniversaire : celui de leur millième jour sous blocus israélien. Des centaines de Palestiniens ont défilé, à proximité du point de passage d'Erez, pour dénoncer ce siège. "L’économie palestinienne à Gaza a été complètement détruite, avec plus de 140 000 personnes sans emploi, ce qui représente 80 % de la main d’œuvre de Gaza", a déclaré à cette occasion le député palestinien Jamal Al-Khudari.

En juin 2007, le Hamas prend le pouvoir dans la bande de Gaza, après des mois d'affrontements avec le Fatah de Mahmoud Abbas. Depuis cette date, Israël impose, pour des "raisons de sécurité", de strictes restrictions à l'entrée des biens et des personnes dans cette bande de terre de 41 km de long. Six mois plus tôt, le 25 janvier 2006, le Hamas avait remporté les élections législatives dans la bande de Gaza.

Pas de médicaments, pas de matériel de construction...

Avant 2007, près de 4 000 différents objets ou aliments pouvaient être importés à Gaza, notait les Nations unies en mai 2009. Cette liste comptait à peine 40 éléments au moment de la publication du rapport. Seuls les "biens humanitaires de base" ont désormais droit de passage. Tout ce qui pourrait avoir un double usage est prohibé : les engrais ou les tuyaux en acier par exemple n'ont pas droit d'entrée, parce qu'Israël considère qu'ils pourraient être utilisés pour construire des armes. La nourriture et le matériel de déblayage représente plus de 70 % de ce qui est importé à Gaza.

Tout le reste manque. Les médicaments, notamment : en mai, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a de nouveau adopté une résolution réclamant la fin immédiate du blocus. Le secteur agricole est ravagé. Les animaux, mais aussi les matériaux nécessaires à la construction d'étables, ou de réseaux d'irrigation –barres en fer, tuyaux, pompes, filtres– ne peuvent être importés légalement.

"Le secteur agricole a le potentiel pour exporter 2 300 tonnes de fraises, 55 millions de fleurs et 714 tonnes de tomates cerises par an, détaille l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), dans un rapport de mai 2010. Il n'y a eu quasiment aucune exportation depuis 2007." Moins de 200 petites entreprises fonctionnent encore, au ralenti, sur les 3 900 qui étaient en activité avant le début du blocus. Le taux de chômage de la population s'élève à plus de 38 %.

Après l'opération israélienne "Plomb durci", lancée fin décembre 2008, la reconstruction est très difficile. Selon l'ONU, seuls 25 % des bâtiments et des infrastructures endommagés ont pu être réparés, un an et demi après les événements. Les matériaux tels que le ciment, indispensables à la construction des routes, sont interdits.

Economie souterraine

Les tunnels de contrebande qui relient Gaza à l'Egypte, largement détruits lors des bombardements israéliens, ont en revanche été reconstruits. Essence, vaches, ordinateurs, médicaments, cigarettes... La Banque mondiale et les économistes palestiniens jugent que près de 80 % de tout ce qui arrive dans la bande de Gaza passe par ces galeries souterraines clandestines. Alors que tous les points de passage sont verrouillés, ils représentent l'unique porte d'entrée vers Gaza.

Les conséquences de ce blocus sur la vie quotidienne des 1,5 million de Gazaouis sont dramatiques. "Le blocus de Gaza prive la population de ses droits humains, et notamment de son droit à l'alimentation, à la santé, au travail et à un niveau de vie correct", note la FAO. Elle estime que "l'insécurité alimentaire" concerne 61 % des foyers.

Aujourd'hui, la population gazaouie dépend de l'aide humanitaire pour survivre. Mais l'action humanitaire souffre elle aussi du blocus. En mai 2010, l'ONU a consacré un rapport aux problèmes rencontrés par les travailleurs humanitaires, pour répondre aux besoins des Palestiniens. Début 2010, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine dénonçait également de nouvelles mesures du gouvernement israélien, qui a décidé de ne plus accorder de permis de travail pour les ONG internationales opérant dans les Territoires palestiniens.

"Seul un visa de touriste sera dorénavant délivré à leurs équipes sur place, indique la plateforme dans un communiqué. Il est délivré avec des durées allant d’une semaine à un an, de façon totalement aléatoire. Toutes les ONG présentes sur place faisaient déjà part de graves difficultés pour mettre en place les programmes d’action humanitaire dans les conditions imposées par la politique d’enfermement israélienne. Leur zone d’action se réduit donc encore davantage."

"Les restrictions imposées à la population civile de Gaza s'apparente à une punition collective, ce qui est une violation de la loi internationale", indique les Nations unies.

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