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Le vol dans la nuit de mercredi à jeudi au Musée d'art moderne de la Ville de Paris de cinq toiles de maîtres, estimées à plusieurs centaines de millions d'euros, relance la polémique sur la sécurité des musées.

Rien ne va plus dans le monde de l’art. Après le vol d’un carnet de dessins signé Picasso en juin 2009, le vol d’un tableau de Degas à Marseille en décembre, ce sont cinq tableaux de maîtres qui ont été dérobés dans la nuit de mercredi à jeudi au Musée d’art moderne de la ville de Paris. L’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), chargé de l’enquête, est sur les dents. Et les musées sur les rotules.

La France, mauvaise élève…

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Fric-frac au musée : un coup de maître ?
Le vol de tableaux au Musée d'art moderne force les musées à s'interroger sur leur vulnérabilité

Car ces disparitions crapuleuses mettent en lumière les failles des systèmes de sécurité des conservatoires français. "Ce sont environ 30 œuvres qui sont volées chaque année", confie Daniel Herman, adjoint au maire de Marseille, délégué aux musées. "C’est vraiment épouvantable", se désole-t-il en pointant du doigt l’inefficacité des alarmes. "Le temps de descendre, quand une alarme se déclenche: il est trop tard. Et parfois, elle ne se déclenche même pas, prenez l’exemple de Paris", ironise-t-il.

Selon lui, un système totalement électronique "avec des puces pour suivre tous les tableaux", aidé d’un personnel mieux formé et de caméras plus performantes (capables de couvrir tous les angles d’une pièce) serait le meilleur moyen de se parer contre les vols. Il s’étonne encore que les petits tableaux ne soient pas mieux protégés, "il suffirait de poser des vitrines, en verre très épais, pour dissuader les voleurs", argumente-t-il. Des revendications qui vont dans le sens d’une augmentation des subventions. "Mais on n’a pas le choix: nous allons au devant de graves ennuis sans cela".

… ou victime de coups de maîtres?

Pourtant, la France a déjà œuvré dans le sens de la protection de son patrimoine. En 2007, Christine Albanel, alors ministre de la Culture, avait souhaité que les musées soient entretenus régulièrement et modernisés, que les personnels suivent des stages spécialisés ; elle avait même envisagé des subventions dans le cas ou des aménagements seraient nécessaires. Ces décisions faisaient suite à un incident: un coup de poing porté dans un tableau de Monet ("Le Pont d’Argenteuil") au musée d’Orsay.
Bien avant cela, dans les années 1990, la direction des musées de France avait mis sur pied deux nouvelles "missions sécurité". La première, constituée de deux officiers de police, est chargée de la protection des lieux de culture en matière de vol. La deuxième, confiée à deux officiers des Pompiers de Paris, est centrée sur la prévention des incendies.
Deux mises en place inédites en Europe selon le commandant Tubiana, l’un de ces deux fonctionnaires de police détaché à "temps complet" au ministère de la Culture.

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Lui se veut rassurant. "Les musées en France sont sécurisés au maximum. Nous menons régulièrement des audits dans les lieux de patrimoine français, nous améliorons à chaque fois les petits défauts de leurs systèmes de sécurité. Le programme de mise en place de puces électroniques est à l’étude", explique-t-il. "Mais vous savez, il n’existe pas de risque zéro et le travail est immense et les voleurs extrêmement habiles... Notre travail consiste à retarder au maximum leur intrusion". Il n’en dira pas plus sur le système de puces pour ne pas "dévoiler ses secrets à des trafiquants toujours plus professionnels".

Paris, une ville d’art à part

Sur les 1 200 musées nationaux, les lieux de culture à Paris font office d’exception en raison du nombre important de visiteurs et de la valeur inestimable des œuvres qu’abrite la ville.
"Il faut replacer le vol dans son contexte. A Paris, les musées sont étroitement surveillés, les moyens ne sont pas les mêmes qu’en province. Mais les voleurs non plus...", note le commandant Tubiana. Ce vol-là, relève sans doute du grand banditisme en raison de la sophistication extrême du cambriolage. "Il y avait à la ronde de nuit, trois professionnels de la sécurité sur place qui n’ont rien vu", indique Christophe Gérard, adjoint au maire de Paris chargé de la Culture.
On ne peut que spéculer sur l’avenir des tableaux. Si les experts estiment qu’ils sont invendables, la possibilité d’un "chantage à l’assurance", où les œuvres seraient revendues à la moitié de leur valeur aux assureurs, n’est pas exclue (voir vidéo ci-dessus).
Impossible d'obtenir le moindre commentaire du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, dirigé par Fabrice Hergott, la communication étant entièrement centralisée par l'Hôtel deVille.
Pas de commentaire non plus du ministère de la Culture, où l’on souligne que le vol est intervenu dans un musée municipal et non de l’état.