
Hier très étroit, le marché de l'alimentation hallal attire aujourd’hui les entreprises traditionnelles du secteur agroalimentaire. Il devrait réaliser plus de 5 milliards d'euros de chiffres d’affaires en 2010.
Quelques semaines après la polémique autour de la décision de Quick de ne vendre que des hamburgers hallal dans huit de ses restaurants, le Salon de l'alimentation hallal s’ouvre, ce mardi, à Paris, porte de Versailles.
Pas de débat rageur cette fois, mais des appétits aiguisés. Le marché du hallal, qui n'est encore qu'une niche, n’en est pas moins en plein essor et le salon - qui en est à sa troisième édition - devrait connaître un succès certain.
Attirées par ce juteux marché en croissance de 15 % chaque année, les traditionnelles entreprises de l’agroalimentaire concurrencent maintenant les acteurs historiques du secteur comme Dounia ou Médina.
"Ce sont les grandes enseignent qui s’y intéressent", explique à France 24 Cedomir Nestorovic, professeur de marketing à l’Essec et spécialiste de l'alimentation hallal, selon qui le marché est encore loin d’être arrivé à maturation. "À terme, il dépassera, et de loin, le secteur du bio", ajoute-t-il.
Séduire les "beurgeois"
Les groupes français veulent en particulier séduire les "beurgeois", cette jeune élite française issue de l'immigration maghrébine qui souhaite consommer des produits occidentaux sans renoncer à ses propres traditions.
"Pour les plus jeunes, c'est l'expression d’une volonté de modernité et d'intégration sans rejeter ses origines", explique à France 24 Nawel Dehiri, chargée d’étude de Solis, un cabinet spécialisé dans les études marketing ethniques.
Selon Solis, 90 % de la communauté musulmane française, estimée à environ 5 millions de personnes, achète des produits alimentaires certifiés hallal.
Le cabinet d’études estime par ailleurs qu’en 2010, les ménages français dépenseront 4,5 milliards d'euros dans ce secteur. Une somme à laquelle devrait s’ajouter le chiffre d’affaires des fast-food certifiés, estimé à un milliard d’euros l’année prochaine.
Répondant à cette demande, Herta a donc converti sa célèbre Knacki volaille en version hallal, tandis que le groupe Casino, qui s'est lancé depuis plusieurs années déjà sur le créneau, propose des hachis parmentier et des pizzas certifiés conformes aux prescriptions du Coran. Les groupes Charal, Soviba, Duc ou le vendéen Fleury Michon se sont eux aussi aventurés sur le créneau.
Le problème de la certification
Un tel engouement pose cependant un problème de taille : celui d’une certification vraiment conforme aux préceptes coraniques.
Ceux-ci imposent des rites très stricts : Dans le cas de la viande par exemple, l’animal doit être égorgé vivant, sans être étourdi, la tête tournée vers La Mecque, par un sacrificateur agréé. En France, les sacrificateurs ne sont pas soumis aux lois françaises et européennes obligeant les bouchers des abattoirs à étourdir l'animal avant de le tuer. Pour autant, la certification hallal n’est pas inscrite dans le Code de la consommation et le respect de ces règles est difficilement vérifiable, en particulier à une échelle industrielle.