
La Commission européenne a autorisé, ce mardi, la culture de la pomme de terre génétiquement modifiée développée par le groupe allemand BASF dans l'UE. L'Italie et l'Autriche ont immédiatement annoncé leur intention de l'interdire.
AFP - Pour la première fois depuis douze ans, la Commission européenne a donné mardi son feu vert à la culture dans l'UE d'un produit génétiquement modifié, une pomme de terre de BASF.
"Chaque Etat est libre d'autoriser ou non la culture de cet OGM", a précisé le commissaire européen chargé de la Santé, le Maltais John Dalli, pour tenter d'atténuer la portée de cette décision controversée dans une Europe où les aliments transgéniques suscitent des craintes pour la santé humaine et l'environnement.
L'Italie et l'Autriche ont immédiatement annoncé leur intention d'interdire la culture de ce tubercule.
"La France attendra l'avis du Haut conseil des biotechnologies pour arrêter sa position" sur la pomme de terre, selon un communiqué des ministères de l'agriculture et du développement durable.
Dans ce document il est dit que la France souhaite "qu'il n'y ait plus d'autorisation d'OGM sans le renforcement de l'expertise scientifique communautaire".
La pomme de terre sera proposée "aux pays prêts à l'utiliser", a précisé BASF, citant l'Allemagne, la Suède, les Pays Bas et la République Tchèque.
Greenpeace France a appelé Paris à déclencher la "clause de sauvegarde" pour faire barrage à cette culture.
La pomme de terre génétiquement modifiée, Amflora, est développée par une filiale du groupe allemand BASF qui attendait depuis plus de treize ans un feu vert.
Elle est destinée, non à l'alimentation humaine, mais à la production d'amidon pour l'industrie du papier en Suède. Mais ses "sous-produits pourront être utilisés pour l'alimentation animale", a reconnu M. Dalli.
Or, font valoir les écologistes, ce tubercule contient un gène marqueur de résistance aux antibiotiques, sujet d'inquiétude pour l'Organisation mondiale de la santé et dont l'abandon a été exigé par une loi européenne de 2004.
Bruxelles s'est retranché derrière les avis favorables de l'Agence européenne de sécurité des aliments et a promis tous les contrôles nécessaires sur sa production.
Mais John Dalli n'a pas pu garantir que cette pomme de terre ne se retrouverait jamais dans la chaîne alimentaire.
Face aux critiques, il a renvoyé les gouvernements européens à leurs responsabilités. "Ils auraient pu décider de dire non à cette autorisation et l'affaire se serait arrêtée là. Mais aucune majorité n'a été trouvée" dans un sens ou un autre "et il est revenu à la Commission de décider", a-t-il expliqué.
Jusqu'à ce jour, l'exécutif européen n'avait lui-même jamais trouvé d'unanimité en son sein, car le Grec Stavros Dimas, chargé jusqu'au début février de l'Environnement, était contre l'autorisation de culture des OGM.
Mais M. Dimas n'a pas été reconduit dans la nouvelle équipe et son successeur depuis trois semaines, le Slovène Janez Potocnik, ne s'est pas opposé à la décision, prise à l'unanimité des commissaires européens.
Le feu vert a été donné moins d'un mois après leur prise de fonction.
"Il n'était pas judicieux d'attendre plus longtemps", s'est défendu M. Dalli, invoquant aussi la nécessité pour l'Europe "d'aller de l'avant" vers les "nouvelles technologies".
BASF a immédiatement salué cette décision car elle évalue à entre 30 et 40 millions d'euros par an les revenus dégagés par Amflora.