La 35e cérémonie des César a vu la consécration du film choc de Jacques Audiard, qui a remporté neuf trophées. Très attendue également, Isabelle Adjani est sacrée meilleure actrice pour son rôle dans "La Journée de la jupe".
C’est avec humour et talent que les maîtres de cérémonie Valérie Lemercier et Gad Elmaleh ont orchestré cette 35e cérémonie des César durant laquelle "Un prophète" de Jacques Audiard a confirmé son statut de grand favori en remportant neuf des 20 César décernés.
Comme pour "Séraphine", qui avait remporté sept César l’an passé, les 3 700 membres actifs de l’Académie des arts et techniques du cinéma se sont accordés en faveur du long métrage " Un prophète". Son réalisateur, Jacques Audiard, 57 ans, n’en est pas à son coup d’essai. Quatre ans plus tôt, le cinéaste avait reçu les César de meilleur réalisateur et du meilleur film pour "De battre mon cœur s’est arrêté".
"Vous avez déjà vu un beur fondre ?"
Encore inconnu du grand public il y a quelques mois, l’acteur de 28 ans Tahar Rahim cumule les prix de meilleur acteur et du meilleur espoir masculin, une première dans l’histoire des César. Comme pour chasser le stress devant la horde de journalistes qui l’attend, le comédien, fraîchement récompensé, lance à la presse : "Vous avez déjà vu un beur fondre ?"
Pour France24.com, il revient sur sa rencontre avec le réalisateur qui, dit-il, l’a "installé en première classe" : "Audiard était venu voir un de ses confrères sur le tournage de ‘La Commune’ [série télévisée de Philippe Triboit diffusée en 2007, ndlr], puis il est venu à la projection et m’a encouragé. Quelques mois après, il m’a appelé et j’ai passé les castings."
itVéritable plongée dans l’univers carcéral, le film remporte également les César du meilleur scénario, meilleur montage et meilleurs décors. La performance de Niels Arestrup est récompensée, elle aussi, par le prix du meilleur acteur dans un second rôle.
Et de cinq pour Adjani !
Hantant le cinéma français depuis les années 1970, Isabelle Adjani a travaillé avec François Truffaut ("L’Histoire d’Adèle H", 1975), Jean Becker ("L’Été meurtrier", 1983), et plus récemment Patrice Chéreau ("La Reine Margot", 1994), passant de l’un à l’autre de ces univers avec une aisance qui lui a valu une avalanche de récompenses. Cette fois-ci enrôlée par Jean-Paul Lilienfield dans " Le Journée de la jupe", comme enseignante de banlieue, Adjani décroche son cinquième César de la meilleure actrice. "Ce cinquième César est comme un premier qui récompense le choix le plus modeste de ma carrière", raconte-t-elle des sanglots dans la voix.
Huit ans après le César de meilleure actrice pour son rôle dans " Sur mes lèvres", film de Jacques Audiard - encore lui -, Emmanuelle Devos reçoit, cette année, le prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour "A l’origine", de Xavier Giannoli. Défendant son personnage de maire dans une ville du Nord laminée par le chômage, l’actrice déclare à la presse : " Je préfère un second rôle qui a quelque chose plutôt qu’un premier rôle fade".
Mélanie Thierry, récemment vue dans le film de Mathieu Kassovitz "Babylon A.D.", décroche sa première récompense en tant que meilleur espoir féminin pour "Un Dernier pour la route". Le film de Philippe Godeau aborde le thème de l’alcoolisme en retraçant le parcours du journaliste et patron de l'agence Capa, Hervé Chabalier. Très fragile au moment du tournage, la jeune maman parle de ce rôle comme d’une "guérison".
Un hommage à Eric Rohmer
En marge des récompenses, l’Académie des César n’a pas oublié de rendre hommage au cinéaste de la Nouvelle Vague Eric Rohmer, disparu en janvier dernier.
Sigourney Weaver a fait étape à Paris et sensation sur la scène du théâtre du Châtelet pour remettre le César d’honneur à l’acteur américain Harrison Ford, aujourd'hui âgé de 67 ans. Dans la salle de presse, l’éternel capitaine du vaisseau pirate de "La Guerre des étoiles" n’oublie pas de saluer Agnès Varda qui lui a confié l'un de ses premiers rôles.
itSi le César de la meilleure comédie n’a toujours pas vu le jour, Dany Boon pourra toujours se réjouir du prix du meilleur premier film remis à Riad Sattouf pour ses "Beaux Gosses". Portrait sans fards d’adolescents boutonneux aux looks années 1980, le film aura contribué aux beaux jours du cinéma français en 2009.