

La déception est à la hauteur de l'enjeu. A l'issue de sa finale perdue contre l'Iranienne Mobina Nematzadeh, la Saoudienne Dunya Abutaleb s'est écroulée dans les bras de son entraîneur et n'a pas tenu à s'exprimer devant les médias.
La taekwondoïste a échoué, mercredi 7 août, à devenir la première médaillée olympique féminine de l'histoire de son pays, en étant battue dans le match pour la médaille de bronze en taekwondo (-49 kg), mais elle est tout de même entrée dans l'histoire.
A 27 ans, elle restera pour toujours la première Saoudienne à avoir réussi à se qualifier pour les Jeux olympiques grâce à ses performances et non en raison d'une invitation et à s'être hissée en finale olympique au terme d'une journée riche en émotions.
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Accepter Gérer mes choixLe visage fermé, la jeune femme de 27 ans a semblé jouer sa vie à chaque combat. Après avoir éliminé en 8es de finale l'Israélienne Abishag Semberg en début de matinée, elle a dû s'incliner lors du tour suivant face à la championne olympique en titre la Thaïlandaise Panipak Wongpattanakit.
Grâce à la qualification de son adversaire pour la finale, elle a pu obtenir une place en repêchage. Au cours de ce combat, elle s'est débarrassée de la Marocaine Oumaima El Bouchti pour tenter ensuite de grimper sur la troisième marche du podium. Mais la surprenante Iranienne Mobina Nematzadeh a brisé son rêve en s'imposant deux rounds à zéro.
Un chapeau pour pouvoir s'entraîner
Dans toute son histoire, l'Arabie saoudite a remporté quatre médailles olympiques chez les hommes, deux de bronze et deux d'argent, mais jamais encore chez les femmes.
Pendant des décennies, les restrictions imposées aux femmes dans le royaume ultraconservateur ont tenu les Saoudiennes à l'écart du sport. "J'allais à l'entraînement en portant un chapeau parce que les filles ne pouvaient pas entrer dans des enceintes sportives", a ainsi raconté Dunya Aboutaleb au magazine Vogue Arabia qui lui a consacré une couverture. "Quand on découvert ma supercherie et qu'on m'a refusé l'entrée, j'ai continué à m'entraîner chez moi avec l'entraîneur de mon frère".
Mais la jeune sportive s'est accroché à sa passion, malgré les difficultés : "Je pleurais plus que je ne rigolais. J'étais mal tous les jours. Je perdais plus souvent que je ne gagnais". Depuis que Mohammed ben Salmane est devenu prince héritier en 2017, des progrès ont toutefois été réalisés même si d'importantes barrières existent. Les femmes ont été autorisées à conduire, sont encouragées à travailler, et les autorités ont investi dans le développement d'une équipe de football féminin.
Dunya Aboutaleb a pu bénéficier de cette évolution positive et progresser dans son sport. En 2022, elle a ainsi été médaillée de bronze aux championnats d'Asie dans la catégorie des moins de 53 kg, ainsi qu'aux Mondiaux dans la catégorie des moins de 49 kg. Deux ans plus tard, elle a remporté l'or aux championnats d'Asie chez les moins de 53 kg, une performance qui lui a permis de se qualifier pour les Jeux de Paris.
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Accepter Gérer mes choixGrâce à ces performances, Dunya Aboutaleb a été choisie pour être le porte drapeau de son pays lors de la cérémonie d'ouverture des JO aux côtés du cavalier saoudien Ramzy Al-Duhami. Lors du tournoi de taekwondo, elle a été secondée par toute une équipe et de nombreux supporters saoudiens sont venus l'encourager dans les tribunes.
Même si elle n'a pas réussi à décrocher cette médaille tant convoitée, sa présence à Paris est déjà un grand pas pour les femmes de son pays. "Quand je réussis dans mon sport, ce n'est pas seulement en mon nom, mais pour toute l'Arabie saoudite", soulignait-elle auprès de Vogue. Dans quatre ans à Los Angeles, elle aura une nouvelle chance de monter sur le podium et d'inscrire son nom dans l'histoire.
Avec AFP
