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Feu vert pour l'extradition de Noriega en France

La Cour suprême américaine a donné, lundi, son accord pour l'extradition vers la France de l'ancien dictateur panaméen Manuel Noriega. Ce dernier a été condamné par Paris à dix ans de prison pour blanchiment d'argent.

AFP - Le Cour suprême des Etats-Unis a refusé lundi de se saisir du recours de l'ancien dictateur panaméen Manuel Noriega contre son extradition vers la France, où il est poursuivi pour blanchiment d'argent, a-t-on appris auprès de l'institution.

Manuel Noriega avait déposé un recours début juillet, trois mois après que la justice américaine avait autorisé son extradition. La procédure était suspendue à la décision de la Cour suprême et devrait devenir définitive maintenant que celle-ci a statué.

L'avocat de M. Noriega, Me Julio Berros, a dénoncé depuis Panama une décision "politique", exhortant Washington à demander à ce que la France respecte le statut de "prisonnier de guerre" de M. Noriega.

Agé de 75 ans, l'ancien homme fort du Panama est maintenu en détention en Floride (sud-est des Etats-Unis), où il a purgé jusqu'en septembre 2008 17 ans de prison pour trafic de drogue.

La justice française l'a condamné par défaut en 1999 à dix ans de prison pour diverses accusations mais souhaite organiser un nouveau procès pour blanchiment d'argent.

Manuel Noriega n'a cependant pas attendu la décision de la Cour suprême pour déposer une demande officielle de grâce présidentielle auprès du président français Nicolas Sarkozy.

En septembre, il lui avait écrit via l'un de ses avocats Giovanni di Stefano: "Les accusations pour lesquelles le requérant a été condamné en France le 1er juillet 1999 sont une reproduction exacte des chefs d'accusation pour lesquels le requérant a été condamné aux Etats-Unis".

"On ne peut pas gracier quelqu'un qui n'a pas été condamné définitivement", avait cependant objecté Guillaume Didier, porte-parole du ministère français de la Justice.

Longtemps allié des Etats-Unis pendant la Guerre froide, ancien informateur de l'agence de renseignement américaine CIA, l'ancien dictateur du Panama était tombé en disgrâce à Washington pour son implication dans un trafic de stupéfiants.

Arrêté par l'armée américaine lors de l'invasion du Panama en 1988, il avait été condamné en 1992 à 30 ans de prison, mais sa peine avait été réduite à 17 ans.

Les autorités américaines lui avaient octroyé le statut de prisonnier de guerre et ses avocats ont utilisé cet argument devant la plus haute juridiction des Etats-Unis pour s'opposer à son extradition. Ils estimaient qu'en vertu des conventions de Genève, il devait être renvoyé au Panama.

Deux des neuf sages de la Cour Suprême ont expliqué dans un court argumentaire qu'ils auraient préféré se saisir du dossier.

Répondre à la question des limites de l'application des conventions de Genève sur les prisonniers de guerre aux Etats-Unis, "quelle que soit la conclusion que nous en aurions tiré, aurait aidé l'exécutif, le législatif et la justice à se libérer de leur responsabilité sur les dossiers de détenus", écrit le très conservateur juge Clarence Thomas.

Cela "aurait épargné aux détenus et au gouvernement des années de procédures judiciaires inutiles", ajoute-t-il, rejoint par un autre juge très conservateur, Antonin Scalia.

Depuis que la Cour suprême a donné aux détenus de Guantanamo la possibilité de contester leur détention devant la justice de droit commun, le débat fait rage aux Etats-Unis sur les limites d'application de ce droit et le fait que les juges fédéraux aient le dernier mot sur le sort d'hommes considérés comme des prisonniers de guerre.
 

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