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Proglio, itinéraire d'un patron gâté puis lâché

Le PDG d'EDF, Henri Proglio, est critiqué de toute part pour avoir conservé un poste au sein de Veolia. Même les membres du gouvernement commencent à prendre leurs distances avec lui.

Qu’il doit lui sembler loin ce 27 septembre 2009, lorsqu’il est nommé PDG d’EDF tout en restant président du Conseil d’administration de Veolia (ex-Générale des Eaux)... Aujourd'hui, Henri Proglio fait l'objet de toutes les critiques et sa double casquette commence à peser bien lourd sur sa tête. Même Christine Lagarde a expliqué, dimanche sur France 2, que son double emploi "ne pouvait pas durer". La ministre de l’Économie justifiait, pourtant encore jeudi dernier, le double salaire du patron… quelques heures avant que ce dernier y renonce.

Tout avait bien commencé pour ce chef d’entreprise de 61 ans, proche de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Henri Proglio obtient en effet le gros lot avec une nomination à la tête d’EDF -l’une des entreprises les plus stratégiques en France- tout en se maintenant à Veolia. En tant que PDG d’EDF, il touche 1,6 millions d’euros annuels, auxquels s’ajoutent 450 000 euros par an chez Veolia et l’assurance d’une retraite dorée payée par l’ex-Générale des Eaux.

Une situation qui, à l’époque, n’avait pas déclenché de tonnerre de critiques. Quelques voix s'étaient élevées, à l'instar du président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet qui s'était ému qu'un patron puisse être PDG d'une entreprise publique et conserver un rôle dans une société privée. Il avait qualifié la situation de "baroque". Du côté de l’opposition, la socialiste Aurélie Filipetti, avait dénoncé une double casquette "inacceptable".

Appétits de l’opposition

Mais, la révélation, la semaine dernière, des émoluments que Veolia allait payer à Henri Proglio a contribué à rendre toute l’affaire politiquement porteuse. Plusieurs personnalités à droite rendent l’approche des régionales responsables de l’emballement de l’affaire. Le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, a estimé lundi que le PS essayait d’entretenir la polémique pour "des raisons électorales".

En renonçant à cette double rémunération, en accord avec le président Nicolas Sarkozy, le patron d’EDF a également aiguisé les appétits de l’opposition. Aurélie Filippetti est revenue à la charge sur son blog, ce week-end, expliquant que "ce demi-geste ne suffisait pas". Le président du mouvement centriste le MoDem, François Bayrou, a pointé du doigt la différence de statut entre EDF, "100% public" et Veolia, qui est privé. Pour lui, Henri Proglio doit choisir entre "l’intérêt général" et "l’intérêt des actionnaires".

La grogne s’étend même aujourd’hui à des membres de la majorité. Le président de la commission des finances du Sénat, le centriste Jean Arthuis estime que la "situation n’est pas conforme aux principes d’une bonne gouvernance". Même le ministre du Budget, Eric Woerth, a jugé bon de rappeler que cette "double casquette" avait pour "vocation d’être transitoire".

Si pour l’instant Henri Proglio tient bon face aux critiques, il doit attendre avec anxiété ce que pourrait dire à son sujet le président Nicolas Sarkozy qui va dialoguer avec les Français ce lundi soir sur TF1.