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En Géorgie, les manifestants tentent d'empêcher le vote de la "loi russe"
Alors qu'un vote parlementaire doit entériner mardi la loi controversée sur l'"influence étrangère", les manifestants en Géorgie ont continué, lundi, d'exprimer leur colère contre le projet. Les rassemblements se déroulent dans un climat de tensions.

La colère de la rue ne faiblit pas en Géorgie, où un millier de manifestants, pour la plupart jeunes, étaient encore rassemblés lundi 13 mai devant le parlement. Ce pays du Caucase est agité par une protestation massive contre une loi sur l'"influence étrangère" accusée de détourner Tbilissi de son chemin européen pour l'entraîner vers Moscou.

Le texte est vertement critiqué par les États-Unis et l'Union européenne à laquelle la Géorgie, ancienne république soviétique, est candidate à l'adhésion. Il a suscité des rassemblements massifs d'opposants, dont certains ont été réprimés. 

En dépit de cette opposition, le parti du "Rêve géorgien", au pouvoir, est déterminé à faire franchir au texte un vote parlementaire mardi, après que les députés l'ont approuvé en commission juridique lundi.

Les contestataires, qui manifestent depuis début avril, ont surnommé ce texte la "loi russe", car il imite une législation utilisée par le Kremlin pour réprimer les voix dissidentes.

Interpellations musclées

Lundi, les manifestants, majoritairement des jeunes, exprimaient leur colère contre le projet, estimant qu'il sabote les rêves européens de leur pays et met en péril la démocratie.

"Cette loi veut dire qu'on ne rejoindra pas l'Europe", s'inquiétait Mariam Kalandadzé, 22 ans, or "c'est quelque chose que j'ai toujours voulu".

"On compte rester ici aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-elle déclaré à l'AFP, les étudiants de la capitale Tbilissi s'étant mis en grève lundi.

Des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté dimanche, certains restant toute la nuit pour empêcher les députés d'entrer dans le parlement.

À l'aube, l'AFP a vu des policiers interpeller et violenter un groupe de manifestants.

Les rassemblements se déroulent dans un climat de tensions, les autorités ayant prévenu qu'elles interpelleraient les personnes bloquant le parlement.

Les moins de 30 ans : fer de lance du mouvement

"Si cette loi passe, nous allons progressivement devenir la Russie", affirmait de son côté Artchil Svanidzé, un autre manifestant de 26 ans, y voyant l'opposé de l'avenir qu'il espère pour son pays. 

Depuis le début des rassemblements, les moins de 30 ans constituent le fer de lance du mouvement. Mais beaucoup assurent que leurs aînés sont eux aussi convaincus.

"On a toujours su qu'on faisait partie de l'Europe. Toutes les générations le savent", a déclaré Artchil Svanidzé, fier de dire que son père était resté manifester une bonne partie de la nuit.

Salomé Lobjanidzé, 18 ans, s'est elle dit "ravagée" par la loi. "Si elle est votée, beaucoup de gens qui sont ici aujourd'hui partiront" du pays, a-t-elle prédit.

En cas d'adoption, la loi imposera à toute ONG ou organisation médiatique recevant plus de 20 % de son financement de l'étranger de s'enregistrer en tant qu'"organisation poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère".

Le gouvernement assure que cette mesure vise à obliger les organisations à faire preuve de davantage de "transparence" sur leurs financements. La loi a déjà été approuvée au cours de deux lectures, et nécessite un troisième vote.

La présidente Salomé Zourabichvili, une pro-européenne en conflit ouvert avec le gouvernement, devrait y opposer son veto, mais le "Rêve géorgien" assure avoir assez de voix pour passer outre.

Avec AFP